K
iômaru est un apprenti forgeron, fougueux et certain de son talent. Son maître et père adoptif le tance pourtant pour cette vanité, considérant ses sabres comme un gâchis de charbon et de métal. Mais un jour, en l’absence de son mentor, un jeune samouraï vient lui demander un sabre afin de combattre un homme doté de gantelets d’une résistance fantastique. Kiômaru lui vend la dernière lame qu’il a forgée, et lui garantit son efficacité et sa robustesse. Le soir venu, il apprend la mort de son client, qui a conservé dans sa main crispée le manche du sabre brisé… Kiômaru n’aura dès lors de cesse de confectionner le plus beau et le plus pur des katanas, vouant son existence à la quête du métal le plus précieux…
Sous ses airs de Ken le survivant ou de Jojo’s Bizarre Adventure sous anabolisants, cette nouvelle série raconte la quête initiatique d’un personnage dont le métier n’avait jusqu’à présent guère été mis en avant dans les manga publiés en France : un forgeron.
Utilisant les codes et les raccourcis narratifs récurrents du shonen, Kiômaru offre son content de combats épiques, de méchants mesquins et de nekketsu (terme signifiant "sang brûlant", et désignant les manga shonen mettant en scène des héros exaltés défendant des valeurs viriles traditionnelles telles que le courage, l'amitié et le dépassement de soi). Le héros, après avoir reçu une grande leçon d’humilité, remet tout son cœur à l’ouvrage, et tente de mériter le respect de son maître. Ce ressort maintes fois utilisé prouve encore son efficacité, ce premier volume tenant en haleine le lecteur du début à la fin, mais souligne un léger manque d’originalité dans le déroulement de l’histoire.
Si vous voyez une certaine ressemblance entre Kiômaru et Ken ou Jojo, c’est normal. Les héros à la musculature exacerbée sont des spécialités du shonen moderne. Le personnage principal gagne alors en charisme et en puissance apparente ce qu’il perd en crédibilité et en réalisme (surtout dans un Japon médiéval qui fait intervenir nombre d’éléments historiques). Mais il concourt aussi au charme explosif dégagé par les planches de ce premier tome. Au final, c’est une question de goût, tout bêtement. Certains ne pourront jamais s’habituer à cette musculature hypertrophiée et à ces mensurations totalement faussées, tandis que d’autres l’apprécieront pour son aspect caricatural et relativement original. D’autant que la construction des planches est de qualité, ainsi que l’encrage, extrêmement soigné et dynamique.
Voici donc un premier volume de qualité, plaisant à la lecture, et qui trouvera sans nul doute son lectorat. À classer entre Baki, Jojo’s Bizarre Adventure et les manga historiques traditionnels.