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i>Kinderbook réunit les premiers récits de Kan Takahama, dans la jeune collection Sakka des éditions Casterman. La dessinatrice de Mariko Parade (publié dans la collection Ecritures ) présente ici ses premières nouvelles, dix histoires au ton singulier. Elle s’attache à dépeindre le quotidien de femmes, qu’elles soient à l’aurore ou au crépuscule de leur vie.
Le propos de départ était attrayant ; s’intéresser au quotidien de femmes à différents moments de leur existence est un sujet très riche, les émotions ponctuant la vie d'une femme sont si nombreuses et variées à chaque âge. Cependant, la lecture de Kinderbook se révèle vite fastidieuse. Le trait est inégal et varie du très bon, avec un dessin fin et de magnifiques ombres à de rares occasions, au très mauvais, avec des visages inexpressifs et proches de la caricature. La présence de trop nombreuses bulles au sein d’une même case nuit au plaisir de suivre l’évolution des personnages, donnant l’impression d’une narration heurtée. Le plus pénible se situe dans ces bulles de dialogues en arrière-plan, inutiles et agaçantes, ou encore dans la volonté de Takahama de sonoriser son album avec les bruits de pas, de téléphone portable et autres … jusqu’à ce bruit de langue d’un goût douteux pour accompagner le baiser d’un couple.
Qu’en est-il des histoires ? Elles sont difficiles à suivre et laissent trop souvent le lecteur sur une impression désagréable, car aucune n’apporte de fin satisfaisante, laissant plus la place à la perplexité qu’à l’émotion souhaitée ou annoncée par l’éditeur en présentation de l’album. Elles ne contribuent nullement à une meilleure compréhension de cette société japonaise difficilement compréhensible avec notre regard d’européen.
Kinderbook souhaite présenter les premiers travaux d’une jeune auteur, et ceci après le succès de sa collaboration avec Frédéric Boilet. L’initiative est louable, mais les nouvelles sont trop maladroites, que ce soit dans le découpage ou dans les propos . Un album qui plaira sans doute aux inconditionnels de l’auteur, mais difficile d’accès pour ceux qui désirent découvrir les mangas. La production est suffisamment abondante pour trouver son plaisir ailleurs.