Info édition : Noté "Première édition". Dossier de 8 pages en fin d'album "La ligne Strasbourg-Bâle : une aventure industrielle au XIXe siècle".
Résumé: Nicolas Koechlin, l’homme le plus riche d’Alsace, se lance dans un projet fou : la construction de la plus grande ligne de train internationale de l’époque : le Strasbourg/Bâle. En ces années 1830, le train n’en est qu’à ses balbutiements. Nicolas va relever ce défi avec son courage, sa générosité, mais aussi sa rouerie et sa folie. Cette grande aventure ferroviaire bouleversera le destin des Koechlin, mais aussi celui de toute la ville de Mulhouse où chacun poursuit ses rêves, mais joue aussi sa survie dans cet impitoyable XIXe siècle industriel.
A
u début de l’ère industrielle, les Koechlin règnent sur l’économie de Mulhouse. Pour tenir tête à la concurrence, ils maintiennent les salaires très bas, tellement que les parents doivent compter sur les revenus de leurs gamins, parfois à peine âgés d’une dizaine d’années, pour boucler leur budget. Nicolas, le patriarche voit grand. Il a l’ambition de construire deux chemins de fer ; un premier entre sa ville et Thann et un second entre Strasbourg et Bâle ; ce dernier constituera la toute première ligne internationale. Il planifie de confier sa filature à l’un de ses fils, Ferdinand, et mise sur son autre garçon, Léo, pour prendre en charge la construction et l’exploitation du rail. À l’écart des affaires, son troisième enfant, Salomé, se montre sensible à la condition des ouvriers. Elle leur apprend à lire et dénonce leur sort dans L’industriel alsacien.
Qui dit révolution industrielle dit habituellement Londres, Paris ou New York. Il est moins fréquemment question des capitales régionales ; les enjeux s’y avèrent sensiblement les mêmes, à cette différence que le pouvoir économique est concentré entre peu de mains. Bien qu’elle soit publiée avec le concours de la SNCF, cette bande dessinée, signée Stéphane Piatzszek, présente avant tout un drame social dont les acteurs sont les membres d’une famille et les gens qui gravitent autour d’eux. Trois tomes sont prévus ; c’est a priori relativement court, tant les protagonistes et la matière sont riches. Le canevas (lutte des classes et tensions intergénérationnelles) est certes connu, mais les personnages sont attachants et le lecteur souhaite mieux découvrir leurs destins.
Florent Bossard propose pour sa part un agréable dessin réaliste. L’artiste semble partir d’un crayonné qu’il colorie de belle façon, avec une abondance de teintes très foncées. Certains éléments paraissent tracés au fusain, créant ainsi d’intéressants jeux d’ombres, notamment pour dépeindre la crasse sur le visage d’un tâcheron qui passe ses journées à pelleter du charbon. C’est d’ailleurs sur les portraits que l’illustrateur s’est le plus attardé. Les usines et les locomotives ne sont pas complètement absentes, mais là n’est pas le véritable objet de ce livre.
Une épopée ferroviaire évoque des sujets qui, près de deux siècles après les événements, sont toujours d’actualité, parmi lesquels les droits des femmes, ceux du prolétariat ou encore la course à l’innovation. Comme quoi les récits historiques sont bien souvent le miroir de notre propre époque.
La preview
Les avis
Erik67
Le 25/02/2021 à 07:44:08
Il fallait sans doute le faire : une épopée ferroviaire dans ma région l'Alsace. Je ne le savais pas mais ce fut quand même la troisième ligne de chemin de fer construite en France et la plus longue. Elle a eu une envergure internationale car partant de Bâle en Suisse pour desservir Strasbourg tout en passant par Mulhouse, une ville très industrielle au XIXème siècle.
Il sera également question de la condition ouvrière et du travail des enfants qui n'était pas interdit par la législation favorable au capitalisme le plus sournois. Ainsi, les enfants travaillaient jusqu'à 10 heures par jour pour subvenir au besoin de leur famille plongée dans la misère à cause des bas salaires. Cela profitait bien entendu à une classe de riches bourgeois industriels que nous apercevrons dans cette œuvre qui joue sur les deux registres comme pour marquer une sorte d'opposition.
On va suivre également la famille Koechlin, une dynastie d'entrepreneur, qui est à l'origine de ce grand projet que cette épopée ferroviaire du XIXème siècle. Ce fut un chantier d'envergure qui a commencé en 1838 pour être exact (bref sous la monarchie de Juillet). Cela transformera en profondeur le territoire et le quotidien des alsaciens durant la seconde moitié du XIXème siècle. L'Alsace n'a pas été une riche province sans raison.
Au final, un bon premier tome assez prometteur avec des personnages assez sympathiques à suivre dans leur destin respectif.