Résumé: Le western spaghetti revisité à la sauce Westworld
Faites débouler dans le cadre classique d’un western, des dinosaures, des mondes parallèles, une petite fille mutique qui tire plus vite que son ombre : vous entrez de plein pied dans le monde exubérant de Kids with Guns.
Et quand un foutu bandit décide d’adopter la petite fille muette et mystérieuse, on sait que l’aventure va nous embarquer d’emblée.
«
- Ha ! Ha ! Ha ! Désolé les gars, j’ai oublié de vous présenter ma fille !
- Tu l’as adoptée ? Ta tête est mise à prix pour quarante mille billets !
- Je voulais être père… Lui donner à manger, l’élever… L’envoyer à l’école…
- Nom d’un chien, Dave ! Tu es un gangster ! »
Bienvenue dans vallée, un Ouest américanisant décalé et halluciné où les dinosaures paissent sur la prairie et où la loi du colt règne en maître. Capitan Artiglio débarque en force et propose un western sorti de nulle part entre Sergio Leone et Godzilla. Faites gaffe et surveillez vos arrières, ici les enfants sont armés !
Œuvre hybride s’il en est, Kids with guns s’amuse à mêler les univers (cow-boy et indiens, fantastique, SF, social, roman initiatique) dans un grand méli-mélo finalement plus proche de Quentin Tarantino que de Sergio Corbucci. En cavale avec ses frères, Dave Doolin a donc adopté (via une porte dimensionnelle) une fillette muette qui se révèle rapidement être une guerrière implacable. Les autorités ainsi que divers chasseurs de prime à leur trousse, leur tâche numéro un est de rester en vie. Pour le reste, on verra bien.
Cadre improbable, clins d’œil à gogo et dessins cartoonesques sympathiques (peut-être trop, alors que l’hémoglobine coule à flot), l’auteur s’amuse beaucoup, mais semble un peu prisonnier de son approche auto-référentielle permanente. Résultat, les amateurs de pop culture sont gâtés et l’humour est au rendez-vous. Par contre, le fil narratif souffre et les intentions du scénariste peinent parfois à surnager au milieu de cet océan de références et de scènes-chocs. Dans un genre différent il est vrai, mais usant d’un style très comparable, Zérocalcare arrive à jongler entre récit et métaphore sans perdre le fil de ses idées.
Pour l’instant, ne boudons pas notre plaisir, car ce premier tome (sur trois) de Kids with guns s'avère particulièrement jouissif à parcourir. Espérons néanmoins que la suite de ces aventures hautes en couleurs ne se limiteront pas à une simple pantalonnade pour connaisseurs.