Info édition : Contient les épisodes US Kick-Ass (2018) #1-6. En fin d'ouvrage sont reprises 8 couvertures alternatives par John Romita Jr, Frank Quitely, Olivier Coipel, Francesco Francavilla, Daniel Warren Johnson, Mike Mayhew, Özgür Yildirim et Denys Cowan.
Le public francophone avait découvert le super-héros sans pouvoir (et un peu loser) au cours de trois aventures, entre 2010 et 2014, d'abord sous forme de trois diptyques puis de trois intégrales Deluxe chez Panini. Après un détour par le cinéma, qui a fait sa renommée auprès d'un public plus large et une longue pause, revoilà le personnage aux deux matraques et au costume vert. Les gangsters et les méchants de tous poils sont prévenus !
Avec Dave Lizewski et son alter ego masqué, Mark Millar et John Romita Jr ont marqué toute une génération de lecteurs. Alors que la conclusion de ses aventures ne laissait que peu de doutes quant à la suite, le prolifique scénariste offre à ses deux chouchous (Hit-girl a aussi droit à sa nouvelle série) un retour sur le devant de la scène comics. Se réservant le premier arc, il laissera la main à d'autres artistes pour continuer de faire vivre ces super-héros du quotidien.
Pour faire au mieux, il fallait trouver un successeur à Dave (qui a abandonné le costume pour entrer dans la police). C'est Patience Lee, mère de famille afro-américaine récemment démobilisée de son unité de Night Stalker basée en Afghanistan, que le public découvre dès les premières planches. Afin de rapidement créer la sympathie, tout en raillant brièvement la politique de son pays, l'auteur en fait une victime - délaissée, trompée et sans opportunité d'embauche - d'un système social et économique sans pitié. Avec de telles contraintes, livrée à elle-même, excuser ou à défaut comprendre les motivations de l'ancienne militaire devient aisé. Elle sera la nouvelle Kick-ass et prendra aux (riches) malfrats de son État (qui n'en manque pas), redistribuera une partie de ses prises aux nécessiteux du Nouveau Mexique et gardera de quoi nourrir les siens. Voilà pour la morale. Malheureusement, même si la violence et les situations inextricables aux nombreux rebondissement sont à nouveau au rendez-vous, le ton désabusé et l'humour, caustique, ont disparu. Bien que le trait, dynamique mais irrégulier, du dessinateur et sa mise en scène restent efficaces et garantissent une pleine immersion, l'ensemble manque de ce qui faisait le sel de la série d'origine. Le ton peut-être, le souffle, le côté désabusé et irrévérencieux sûrement, quelque chose fait défaut à cette histoire qui se lit pourtant bien. Les fans des auteurs y trouveront certainement leur compte et seront ravis à l'idée d'attendre la suite, pour les autres il restera une (bonne) histoire aux allures de Robin des bois moderne et brutale qui aurait pu exister sans la référence au héros initial.
Le postulat de départ est facile, les dessins pas toujours du même niveau et la violence bien présente... Qu'importe, Kick-ass est de retour ! Toujours aussi fun, déjanté et courageux, c'est (presque) l'essentiel en attendant la direction qui sera prise.