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aneb-le-fourbe porte bien son nom. Kheti et Mayt l'apprennent à leurs dépends lorsque cette dernière se fait voler le talisman de la déesse Sekhmet qui leur permet d'accéder au royaume des dieux. Le voleur se fait alors passer pour Kheti et multiplie les mauvaises blagues pour ridiculiser et semer la zizanie chez les divinités. Pour éviter la colère de Seth, Sobek ou Taouret et les conséquences sur le monde des humains, Kheti et Mayt n'ont d'autre choix que d'arrêter le voyou et de récupérer leur bien.
La bande dessinée jeunesse voit son offre augmenter exponentiellement ces dernières années, surtout chez les éditeurs dont le cœur de cible historique en est éloigné. C'est le cas pour Delcourt qui depuis sept ou huit ans se tourne de plus en plus vers le public plus enfantin avec des séries telles que Genz Gys Khan, Max et Zoé, La fontaine aux fables ou plus récemment Les légendaires ou Le magicien d'Oz et bien d'autres. Kheti, fils du Nil monte en puissance et commence à prendre sa place au sein du catalogue au fil des albums. Le premier tome a laissé un souvenir agréable de lecture sans pour autant marquer les esprits. C'est aussi parfois comme cela que se construisent les séries de qualité : sur le long terme avec un démarrage en demi-teinte. Le deuxième volume affiche sans équivoque certains des critères indispensables aux grandes réuissites : héros charismatique, humour justement dosé, émotions distillées avec parcimonie et morale savamment dissimulée. Tout en douceur, à l'image du dessin pastellisé de Mazan, Isabelle Dethan instille un rythme et une atmosphère dignes des grands succès critiques et publics. Et pourtant ce n'est pas un choix aisé de baser les aventures de ce couple d'enfants dans une société si éloignée, temporellement et culturellement, de celle du lecteur. Qui se soucie de l'Egypte ancienne ? L'égyptologue, l'égyptophile et l'enfant prêt à se transporter dans un univers fantastique et très différent de sa vie réelle. Cela fonctionne avec Harry Potter, pourquoi pas avec les aventures imaginées par Isabelle Dethan ? Tout porte à croire que le potentiel est présent malgré un univers semblant peu attractif à la base.
Les possibilités offertes par la multitude de dieux égyptiens sont pleinement exploitées. C'est avec intelligence que les divinités, ainsi que leurs pouvoirs et leur utilité dans ce monde mythologique, sont présentés et utilisés. La transposition de leurs humeurs et émotions en autant de fléaux ou intempéries, est une réjouissante réussite. Leur représentation sous forme semi-animale est également un atout pour plaire aux plus jeunes et enlever la touche de sévérité de la représentation iconographique habituelle. Mazan s'en donne à cœur joie en arrondissant les profils, humanisant ainsi des siècles de figuration figée.
Le roi des grenouilles place Kheti, fils du Nil sur la rampe de lancement des séries à suivre par les petits et les grands.