Info édition : Réédition de l'album paru en 1990 chez Mashroom en japonais. Avec 19 pages en couleur. Couverture souple avec rabat. Sens de lecture de droite à gauche.
Résumé: Voici un recueil d'histoires courtes de Katsuhiro Otomo. Bien qu'antérieurs aux fameux "Akira" et "Dômu", certains de ces récits posent déjà les bases de ce que deviendra l'œuvre de Katsuhiro Otomo. D'autres histoires vous feront découvrir un auteur dont le talent s'exprime aussi bien à travers la science-fiction que l'humour. En tout ce sont dix histoires d'un maître du manga à découvrir absolument !
C
e recueil d’histoires courtes publiées entre 1977 et 1981 devrait faire le bonheur des nombreux amateurs de Katsuhiro Otomo. A l’instar du Watchmen d’Alan Moore, Akira a durablement marqué les esprits et le choc s’estompe à peine. Les quelques morceaux choisis qui composent cet ouvrage sont autant d'esquisses, de croquis préparatoires à la grande œuvre à venir.
S’il est de belle facture, l’ouvrage n’est cependant pas exempt de défauts, à commencer par son absence de cohérence artistique ou chronologique. Le tout forme un ensemble composite où quelques pochades un rien triviales se mêlent aux premières banderilles. Pourtant, l’on retrouve déjà, au sein de chacun de ces récits, ce goût pour l’absurde, pour l'humour noir, mais aussi cette fascination pour l’anticipation, la robotique, la violence urbaine, l’écologie ou une jeunesse dont Katsuhiro Otomo n’a eu de cesse de représenter la révolte et le désarroi. Son imaginaire débridé est parcouru de variations sur la mort, le temps, la nature, la mémoire ou le sacrifice quand la narration - volontiers tourmentée, assurément romantique - se nourrit d’un univers riche en métaphores et balance entre réalisme et symbolisme. Parallèlement, le trait s'épure, se libère progressivement de ses dernières scories. Les techniques de cadrage s’affinent, la mise en page se dynamise et le rythme de l’action s’emballe. Les influences – Moebius, Kubrick, Escher, Kenzaburo Oe... – sont nombreuses, les expérimentations également. Ainsi, les cases se couvrent de couleurs aux teintes saturées ou volontairement pixellisées, à moins qu'elles ne s’élargissent pour céder place à de grandes constructions architecturales jouant sur la composition des motifs ou sur la perspective.
Trois nouvelles justifient amplement la lecture de cette anthologie : Flower, où, pour la première fois, Otomo s’essaie à la couleur, Memories, qui, scénarisée par Satoshi Kon, sera magistralement mise en en scène par Koji Morimoto dans le film éponyme, et Fire Ball dont l'histoire préfigure déjà Dômu et Akira – rien de moins !
>>> Lire aussi la chronique de Dômu - Rêves d'enfants.