K
lee est un drôle de petit bonhomme, cynique et sûr de lui. Il est flanqué de Karl, son énorme ami débonnaire, et ils parcourent ensemble le grand Ouest, à la recherche d’une mine d’or dont ils détiennent la carte. Mais leur chemin croise celui de Black Bart, un oiseau de malheur qui les dévalise en déclamant des préceptes religieux…
Silvio Speca est un jeune auteur italien qui signe ici sa première bande dessinée francophone. Il a auparavant œuvré sur les aventures animées de Mickey Mouse, pour Disney Italie, et a aussi signé un certain nombre de story boards dans son pays d’origine.
Cette «buddy bande dessinée», mettant en scène deux comparses aussi différents qu’il est possible de l’être, mérite que l’on s’y attarde par son seul graphisme. Coloré, très cartoon dans l’âme, il souffre cependant de la comparaison avec les nombreuses BD de ce type sorties ces dernières années (BlackSad et Sky Doll les premiers). Malheureusement, un joli dessin ne fait pas un livre réussi ; la mise en page, plutôt molle, accompagne une narration lente et pauvre en surprises. Et le choc d’une esthétique disneyenne confrontée à un scénario semi-réaliste et plus ou moins destiné aux adultes ne tient guère la route face aux réactions d’une franche banalité de l’ensemble des personnages.
Western lisse et guère palpitant, malgré des caractères a priori séduisants (notamment Klee, un anti-héros prompt à dégainer, et Black Bart, un corbeau mystique et néanmoins détrousseur de grands chemins), Karl & Klee détonne par un parti-pris risqué et un style (le western) qui ne semble plus guère porteur dans son acception classique (les parodies/relectures de type Gus ou Big Foot étant mises à part), à quelques exceptions près. Malheureusement, il n’y a ici pas grand-chose à retenir. La bêtise crasse de Karl agace plus qu’autre chose, la poule fatale de l’histoire mène un Klee - pourtant pas né de la dernière pluie - par le bout du museau, et les diverses trahisons ne laissent guère de traces dans l’esprit du lecteur.