U
n ciel aux couleurs étranges, un chien malicieux qui parle, un arbre qui court, et voilà que Lucy pénètre dans le ventre d’un chat. Une averse, un matou gris, une drôle de route, l’autre fillette se rappellera-t-elle de son ami d’un moment ? L’été, l’amitié et la pierre bleue qui lit Shimashima à Miyako auront-elles raison de la maladie ?
Kamisama ressemble à un conte pour enfants. Les trois récits de ce manga sont autant de fables mêlant éléments du folklore japonais, poésie et onirisme. Végétation en mouvement, animaux en verve, esprits goulus, routes sortant de l’ordinaire rappellent Alice au pays des merveilles ou certains films du studio Ghibli (Mon voisin Totoro et le Voyage de Chihiro en particulier). Clairement destiné à un jeune public, l’album aborde le thème de la perception du rêve et de la réalité dans le premier récit. Dans le suivant, « Le chat-pluie », c’est à l’importance de la mémoire, et de son pendant l’oubli, qu’est amenée à réfléchir l’héroïne après sa singulière rencontre avec un chat loquace. Enfin, « Shimashima » évoque la dualité entre vie et mort. Dans chaque histoire on retrouve également les notions d’amitié et de confiance dans l’autre. Les sujets sont plus profonds qu’il n’y paraît de prime abord et Kamisama peut donc aussi bien être lu par un adulte.
Le graphisme de Daisuké Kotobuki est très simple et mignon, sans niaiserie. Cela est renforcé par les couleurs pastelles et les visages enfantins qui dégagent douceur et poésie. Cependant, les fillettes ont un design un peu trop banal. Par ailleurs, en raison du format, de la couverture cartonnée, du fait que chaque planche ne présente qu’une image, on a plutôt l’impression de regarder un livre d’illustrations que de lire une bande dessinée.
Néanmoins, il faut reconnaître que les éditions Ki-oon ont particulièrement bien soigné la présentation de l’album et que leur choix de le publier en sens de lecture occidental n’enlève rien à l’œuvre. En effet, l’auteur lui-même a accepté de replacer chacun de ses dessins page par page afin d’éviter l’effet de miroir d’une planche simplement retournée.
Kamisama est un joli album qui peut plaire autant aux petits qu'aux grands. Pourquoi ne pas laisser parler un instant son coeur d'enfant en le lisant ?