K
airi revient à Chiba après avoir convaincu sa tante de ne pas vendre la maison de ses parents récemment décédés. Vivant seule dans cette demeure, elle est bientôt rejointe par Shin avec lequel elle accepte de sortir à nouveau malgré la lâcheté dont il avait fait preuve. Et leur bande d’amis ne tarde pas à débarquer, Kenji en tête, que son père a mis à la porte en raison de son homosexualité.
Kairi est un shojo à la française assez étonnant. Si, telle quelle, l’intrigue ne paie pas de mine – encore une romance qui va cahin-caha -, le fond s’avère traité de façon plus mature qu’on ne s’y attendrait. Le premier tome avait en effet montré les déboires de l’héroïne après la perte de ses parents et la fuite de son copain incapable d’affronter ses changements et de l’aider, en mettant en avant la cruauté de la situation et des non-dits pesant entre les personnages. Ce deuxième volume, à l’ambiance beaucoup plus optimiste, s’intéresse essentiellement à Kenji et au rejet qu’entraîne la découverte de ses préférences sexuelles par ses parents. Il est également confronté au regard de ses amis et à la crainte que son attirance pour les hommes les éloigne de lui. Ce sujet délicat est abordé sur un ton plein de justesse et sans excès, ce qui confère un réalisme certain à l’histoire. Parallèlement, Audrey Diallo développe l’idylle entre Kairi et Shin tout en préparant un terrain qui s’annonce mouvant pour la suite. A mots couverts, elle suggère que les choses sont loin d’être apaisées entre les deux tourtereaux. Le dossier sur l’enjo kosai, prostitution des adolescentes japonaises, en fin d’album laisse d’ailleurs augurer de nouveaux bouleversements, surtout en faisant le rapprochement avec l’intérêt porté par la jeune fille à cet inconnu qui prend sa pause en même temps qu’elle et dont les propositions paraissent bien douteuses. Graphiquement, il est difficile de vraiment apprécier le trait souvent trop épais de Janina Görrissen et l’aspect trop plat des visages. Le dessin reprend les stéréotypes des shojo et met l’accent sur l’expressivité des personnages – pas toujours bien rendue.
Ce deuxième tome de Kairi se lit agréablement. La substance narrative est présente malgré un certain manque de profondeur dans son développement.