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rague, 1599. Vingt ans auparavant, Jacob et Isaac se sont jurés que leurs enfants se marieraient lorsqu’il seraient adultes. Le grand jour est arrivé. Mais voilà que peu avant la noce, la promise s’enfuit avec un invité. Une année plus tard, elle se languit, hantée par le Dibbouk, un démon qui empoisonne ses nuits. Son ex-fiancé intervient et elle retrouve une certaine paix. De retour dans la capitale impériale, ils découvrent une population hostile à leurs coreligionnaires. La communauté hébraïque demande alors au kabbaliste de créer un golem. Le colosse façonné de terre s’immisce dans le conflit et massacre la foule de luthériens, de catholiques et de jésuites.
Le récit de Pierre Makyo, adapté du roman de Marek Halter, met en avant les légendes du peuple sans patrie, celle du monstre d’argile, mais également celle du Juif errant, à une époque où l’ouest de l’Europe est aux prises avec les guerres de religion. Dans le même temps, le savoir scientifique (ici incarné par la venue de l’astronome Tycho Brahe) s’impose doucement. Le lecteur a néanmoins l’impression que le scénariste est à l’étroit dans un format de cinquante-quatre pages. Alors que le premier tome du diptyque lui donnait tout le temps pour mettre les choses en place, celui-ci est précipité. Bien que l’histoire demeure cohérente, le tout est un tantinet mécanique.
Au dessin, Luca Raimondo propose un travail honnête, quoiqu’un peu académique. Les acteurs et les décors sont hyperréalistes et le bédéphile n’a aucun mal à croire qu’il se balade dans les rues d’une ville d’Europe de l’Est il y a quatre siècles. Mention aux regards de ses personnages qui sont généralement très expressifs. Les plans et le découpage, très variés, contribuent efficacement au dynamisme de l’ensemble. Les couleurs chaudes d’Antoine Quaresma sont à la hauteur du projet et elles soutiennent bien l’entreprise.
Une bande dessinée à la fois didactique et divertissante, favorisant la compréhension de la mythologie juive.