Résumé: Asaf Hanouka revient dans un nouveau tome toujours plus percutant de KO à Tel Aviv ! Citoyen désenchanté, mari subjugué, propriétaire dépité, artiste dubitatif et père fusionnel et angoissé, Hanuka porte un regard d'une rare subtilité sur le monde et l'exprime avec une remarquable inventivité graphique. Sélectionné à Angoulême en 2015, primé à Lucca la même année, le Eisner Awards du meilleur album étranger décerné en 2016, consacre le talent d'Asaf Hanuka.
A
vec Le réaliste, Asaf Hanuka poursuit sa démarche autofictive entamée avec les trois tomes de K.O. à Tel-Aviv. Dans ce quatrième recueil, il présente ses réflexions sur le couple, la famille et la vie en général. En filigrane de la centaine de microrécits se lit la société israélienne. Il en ressort que Tel-Aviv n’est fondamentalement pas si différente de Paris, New York ou Montréal : les trottinettes électriques y terrorisent les piétons, les gens partagent les mêmes référents culturels (Star Wars, Disney, Superman, etc.), les dynamiques familiales se ressemblent et, cela va de soi, le COVID s’impose là comme partout. S’y invitent bien sûr des préoccupations plus locales, notamment le conflit avec le voisin palestinien.
Un peu comme lorsqu’il pioche dans une boîte de chocolats, le lecteur ne sait jamais trop sur quoi il tombera : un récit touchant, une tranche d’humour noir ou encore une prise de position politique et sociale. La proposition est par moments déboussolante, mais rarement décevante. La forme varie beaucoup, certaines saynètes sont portées par une narration copieuse alors que d’autres ne reposent que sur l’image, il est également à noter que les dialogues sont plutôt rares.
L’auteur a une véritable fascination pour le corps qu’il sert à toutes les sauces. Hyperréaliste quand il reproduit des planches d’anatomie, caricatural pour représenter des superhéros aux muscles hypertrophiés ou surréaliste alors que le protagoniste construit sa propre tête avec de petites briques. L’artiste démontre par ailleurs un fort penchant pour les allégories, souvent très complexes, tant dans leur composition que dans leur sens parfois difficile à décoder, même avec les titres censés guider le bédéphile. Peut-être les clefs se trouvent-elles au Moyen-Orient.
Un regard tendre, lucide et, à l’occasion, cynique sur le monde.