Résumé: Des explosions ravagent la ville. Alors que les immeubles s'effondrent, un combattant fuit. L'homme se débarrasse de son arme, on le devine fatigué, on verra bientôt qu'il est hanté par la mort. Alors qu'un vaisseau traverse le ciel, l'homme trace son chemin dans la foule. Fuir, encore plus loin, quitte à changer de vie, de pays. Quitte à traiter avec des passeurs, à embarquer dans une chaloupe vétuste avec d'autres fuyards, guidés par l'espoir. Commence alors une épopée noire emplie d'embûches et de défis, dans un récit qui mélange habilement (science) fiction et actualité. Si dès ses prémices, La Jungle vous saisit à la gorge pour ne plus vous lâcher durant ces trois cents et quelques pages, c'est que son auteur a atteint une maîtrise narrative qui transforme son nouveau livre en un véritable « page turner » peuplé de rebondissements et de visions hallucinées, des images qui continueront à accompagner le lecteur une fois le livre terminé - à l'image de son héros, poursuivi par ses propres fantômes. C'est un récit dur et en même temps incroyablement beau que nous offre ici Nicolas Presl, un récit où souffle le grand vent de l'aventure tout en portant un regard pour le moins désenchanté sur un monde en totale perdition.
Derrière un muret, un combattant n’en peut plus. Il fuit, hors d’haleine. Il doit s’échapper. Arrivé dans la ville voisine, en quelques tractations et après que quelques billets aient changé de main, il est dirigé vers un bus, et, avec d’autres infortunés, entame la longue route de l’exil.
Avec ce nouveau titre, Nicolas Presl étonne une fois encore par sa maestria et sa force narrative. Il met en place un univers qui ressemble aux autres pour provoquer une forme d’identification, mais suffisamment différent pour ne pas tomber dans le piège de la littéralité. Son récit n’en est que plus universel.
De ce long chemin semé d’embuches, il expose les mensonges, les trahisons, les profiteurs de la misère, la violence endémique et la difficulté de ne pas sombrer soi-même dans l’horreur. Le couple qu’il met en scène tente de perpétuer un semblant de normalité, mais se heurte à la duplicité du monde. Si la première partie est quasiment documentaire dans son déroulement, le récit prend ensuite un tour plus symbolique. Jouant habilement du mélange des genres, le scénario glisse progressivement vers une fable tragique. Puis, il y a ses fantômes qui surgissent au détour d’un rêve ou d’une vision. Ils ont des gueules de mercenaires, de moudjahidines, de miliciens tombés pour une cause ou une autre. Ils trainent une dégaine de vaincus, collés aux basques de ceux qui tentent d'échapper à la misère. Autant dire que cela semble bien mal engagé.
Une fois de plus, l’auteur réussit le tour de force de mener une intrigue complexe sans un mot, mais pas sans un bruit. Ses pages bruissent de vie, de musique, du brouhaha d’une cité en pleine effervescente ou des détonations qui fauchent les innocents. Du grand art, une fois de plus.