Le 07/01/2023 à 13:20:35
Etonnante série que Jules Verne et l'astrolabe d'Uranie... J'aimerais n'en dire que du bien, mais quelques éléments m'en empêchent. Le scénario d'Esther Gil est à la fois assez malin et trop convenu. Cette manière de mettre en scène Jules Verne dans une aventure du même style que ce que lui a écrit est indéniablement jubilatoire. C'est avec beaucoup de plaisir qu'on s'amuser à chercher les innombrables allusions (beaucoup sont transparentes) à l'œuvre de l'écrivain, et en même temps, on a l'impression d'avoir déjà vu ou lu un certain nombre de fois ces péripéties. Le problème, d'ailleurs, n'est pas tant que ces péripéties soient assez conventionnelles. Le souci, c'est surtout que les péripéties ne s'enchaînent pas toujours de manière très fluide. L'action est parfois mal découpée, et on doit faire appel à son imagination pour combler les trous du récit. La faute, peut-être aussi, à un dessin qui, pour être somptueux, n'en est pas moins confus quand le récit s'agite. Néanmoins, ne boudons pas excessivement notre plaisir ! Le récit reste captivant par la richesse de l'univers développé (même si tout est plus ou moins repris de Jules Verne), et les aventures vécues par le héros sont tout-à-fait satisfaisantes, on a exactement ce qu'on est venu chercher. Mais surtout, la grande qualité de l'album réside dans le dessin de Carlos Puerta. Hallucinant de réalisme, il donne pourtant à ses images un côté presque impressionniste, en floutant souvent les contours, comme si on était plongé au sein de photos d'époque, d'une qualité variable. Cela donne une patte graphique extrêmement convaincante, quoiqu'un peu trop figée par moments et comme dit ci-dessus, un peu confuse dans les scènes d'action. Visuellement, Jules Verne et l'astrolabe d'Uranie n'en reste pas moins une petite claque qui fait du bien. Donc cette bande dessinée n'est pas à fuir, bien au contraire. Assez rythmée, passionnante dans son univers, graphiquement magnifique, elle témoigne certes de quelques faiblesses narratives et d'un manque d'originalité globale qui font qu'elle n'est pas le chef-d'œuvre génial qu'on aurait pu espérer. Mais ça reste de la bonne bande dessinée, élégante, référencée et agréable à lire.Le 10/01/2020 à 15:35:38
L’album reprend les deux volumes de la série agencés sans coupure. L’éditeur a oublié d’insérer les très belles illustrations de couvertures originales mais nous propose un cahier graphique très sympathique qui permet de mieux décortiquer extrêmement mystérieux dessin de Carlos Puerta et propose quelques textes de background intéressants mais qui ne révolutionnent pas la lecture de l’album. Si j’apprécie la carte ancienne en intérieur de couverture, l’illustration de cette intégrale est complètement ratée, à la fois illisible, pas très esthétique et créant un effet pixelisé (dû à la technique du dessinateur) très gênant. C’est d’autant plus gênant que la couverture du tome un notamment était superbement évocatrice et très graphique. Ce détail ne va pas aider à faire connaître une BD qui revêt pourtant beaucoup de choses intéressantes… Alors que le monde s’apprête à découvrir les incroyables innovations de l’exposition universelle de Paris, Jules Verne peine à écrire, frappé d’une mélancolie liée à la perte d’un amour fugace. Son frère Pierre décide de l’embarquer avec lui sur le plus gros bateau jamais construit, traverser l’Atlantique et découvrir le Nouveau Monde. Là-bas il va vivre des aventures qui alimenteront plus tard l’imaginaire de ses romans… J’ai découvert le dessinateur Carlos Puerta sur le premier tome de la trilogie Maudit sois-tu qui m’avait à la fois fasciné et pas mal perturbé de par une technique indéfinissable. Depuis je me suis un petit peu documenté et le fait que cette série soit plus ancienne permet de voir quelques différences, notamment, je pense dans l’utilisation du numérique (plus léger sur Jules Verne). Après des crayonnés poussés où l’on note sa technique très classique et sans faute vers le réalisme, Puerta travaille à la peinture traditionnelle en même temps qu’au numérique, sans que l’on puisse distinguer les deux. C’est assez perturbant car il crée des effets de flou qui peuvent par moment rappeler de mauvaises textures numériques mais créent dans le même temps un effet de matière et de lumière ultra-réalistes. Sur cette série les planches semblent plus traditionnelles et créent un effet cinématographique très efficace. L’album est indéniablement même si le style ne plaira pas à tout le monde. L’idée de départ n’est pas neuve, a été exploitée ailleurs… mais fonctionne plutôt bien sur cette série. Transposer un des génies de l’imaginaire dans son propre univers est un pitch toujours alléchant mais pas toujours abouti. Sur l’Astrolabe d’Uranie on a un découpage assez différent entre les deux tomes, ce qui a un peu dérangé les lecteurs avant l’intégrale et ce volume comble clairement un reproche fait alors: la première moitié se concentre presque exclusivement sur Jules, ses relations avec son éditeur, son frère et son histoire d’amour, mais aussi le paris Haussmanien, les avancées technologiques (on est alors proche de l’ambiance de Blake et Mortimer) et l’action démarre ensuite de façon ininterrompue sur toute la seconde moitié de l’album. Le rassemblement en un seul tome fluidifie grandement la lecture en faisant monter progressivement la tension et et nous plongeant ensuite dans un grand cinémascope du film d’aventure hollywoodien sans répit. [...] Lire la suite sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/12/18/jules-verne-et-lastrolabe-duranie/BDGest 2014 - Tous droits réservés