Résumé: Jules Badey est un cordonnier bourguignon pendant la Seconde Guerre mondiale, un homme sans histoire qui essaie tant bien que mal d’exercer son métier dans un pays occupé.
De la guerre, il ne pense pas grand-chose, hormis qu’elle l’empêche de traiter ses commandes correctement par le manque de matières premières, ces dernières étant souvent bloquées et/ou réquisitionnées par les Allemands.
C’est un homme seul et abattu qui accuse le coup du départ de sa femme pour un autre homme, un « baron » qui possède un manoir à la sortie du village. Il noie sa détresse dans son vin quotidien.
Des juifs, il ne pense rien non plus. A peine sait-il qui ils sont. De la déportation, il n’a jamais entendu parler et l’exode qui commence sous ses yeux est pour lui un simple défilé de voitures qui partent se mettre en lieu sûr plus au Sud.
Alors quand il croise sur sa route 3 petits enfants juifs, il est décontenancé. Son cœur parle et lui demande de les protéger.
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endant la Seconde Guerre mondiale, Jules B est cordonnier dans un village. Un jour, il est témoin du tragique accident de voiture d'une famille juive en fuite. Si les parents ont succombé, il trouve les enfants indemnes. Sans réfléchir, il les cache chez lui mais face au manque de solidarité des voisins, il se résigne à les ramener à Paris, dans l’espoir de trouver des relations à qui les confier. À l’arrivée, les choses ne se passent pas comme prévues : Jules doit rapidement décider jusqu’où il est prêt à aller pour sauver ces orphelins.
Armelle Modéré s’inspire de son grand-père, au parcours différent mais qui a également fait l’expérience funeste de la guerre, pour créer ce personnage de Juste. Sans avoir l’étoffe d’un héros, il va naturellement porter secours à des personnes que beaucoup aurait laissées livrées à leur sort.
L’autrice construit son récit au moyen de planches aérées à la composition claire et colorisées au crayon de couleur, ce qui donne un rendu doux et lumineux. Le texte, tout en dialogues, est très mesuré et les personnages, des animaux anthropomorphes, sont sympathiques. L’ensemble constitue un titre particulièrement accessible. Cependant, malgré une pagination confortable, l’intrigue reste superficielle et la conclusion ouverte peut laisser le lecteur sur sa faim.
Cet album a les défauts de ses qualités : Jules B, L’histoire d’un Juste permet aux plus jeunes, par sa simplicité et sa pudeur, d’aborder les thèmes difficiles des rafles et de la Shoah. Or, elle n’offre pas d’explication aux questions que le sujet pourrait susciter et peut alors nécessiter un accompagnement, tout comme le terme de « Juste parmi les nations », repris dans le titre mais sans définition.
Jules B, L’histoire d’un Juste est une bande dessinée jeunesse tout indiquée pour une première approche d’une période historique douloureuse. Mais pour plus de précisions, le public intéressé devra se tourner vers d’autres sources d’information.