Résumé: Dans le présent volume, Juanalberto, Victoria, Syprisse et Limérius vont se laisser connaître d'avantage par le lecteur : Juanalberto, le maître débonnaire qui a l'air de cacher son jeu et d'attendre que les événements poursuivent leur chemin ; Victoria, la reine des lieux qui se laisse envahir par l'angoisse de son passé oublié ; Limérius, fasciné par la multiplicité vertigineuse des récits et des univers dont ils émanent, et Syprisse, qui essaye de faire des alliances et de cueillir des informations qui lui donneront des atouts pour débarrasser son peuple des prétentions des Inhibiteurs Photoniques.
Des rêves et des hallucinations s'y mêlent, les premiers fournissant des pistes sur la nature de la réalité, les derniers brouillant encore plus les cartes. Personne n'en sortira indemne, y compris le Maître de l'Univers lui-même. Pendant ce temps, deux personnages inquiétants, habitant dans un lieu hors de l'espace physique, manifestent beaucoup d'intérêt à ce qui se passe chez Juanalberto. On philosophe, on découvre, on raconte ses rêves, on se confie, on essaye de séduire...
Et on blague un peu aussi. A la toute dernière page du récit, un nouveau personnage fait son apparition dans la salle à manger de la maison du Maître, un "scientifique-bricoleur" qui bouleversera les projets et les certitudes... mais cela sera raconté au troisième volume.
Est ce qu'une Bande Dessinée peut être contemplative, et déambulatoire dans un propos sur l'art et la philosophie? Est-ce qu'une BD peut elle être sans enjeu ( ou très peu), sans une histoire véritable qui déclenche l'envie de poursuivre pour connaitre les destinées des personnages au demeurant fort attachant? C'est difficile en tout cas. le 9ème art est analogue au 7ème, un art de mouvement et de récit. Et ce tome prouve toute la complexité à construire ces thèmes dans une BD. Car si ce n'est pas raté, ce n'est pas réussi non plus.
Il y a certes des merveilles de planches silencieuses et magnifiques. Il y a de belles balades qui narrent les notions bénéfiques du simple, du hasard et du bonheur; qui racontent une certaine philosophie ( peut être un peu trop didascalique avec un ton un tantinet professoral de la part de l'auteur).
Mais sinon, tout cela est un peu trop d'un ventre mou ennuyeux. C'est beau. C'est une randonnée raffinée mais Roosevelt ne raconte pas son histoire. Alors la contemplation devient ennuie. On aimerait parfois courir.
Alors j'espère que le troisième tome donnera à nouveau du corps à l'histoire qui était si intrigante dans le premier tome.