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avid est épuisé. Des apnées du sommeil minent son existence et ont des effets déplorables, non seulement sur sa vie professionnelle, mais surtout sur sa vie de couple. Pour être plus précis, l’état intermédiaire dans lequel le plonge cette affection a sérieusement tendance à perturber sa perception du réel. Quel jeu trouble joue donc son épouse ? Cyclothymique, David balance sans cesse entre l'abattement et la fureur..
Doté d’un scénario construit autour de son dénouement, Jours gris contient des éléments relativement propres à l’univers du thriller. Le principal problème se révèle être une imbrication parfois bancale de ces données. Effet pervers de la narration, il semble que Guillem March ait tenté de placer son lecteur comme témoin direct de l’esprit tourmenté de David et il en découle une lecture laborieuse. Les seconds rôles, guère attractifs, voire profondément antipathiques, n’apportent pas le plus qui aurait permis à ce one-shot de s’oxygéner de l'intérieur. Ce n’est pas le graphisme, animé par cette même volonté d’accentuer la folie ambiante, qui vient atténuer cette sensation. Si la ligne est volontairement moins pure que dans Souvenirs pour être en phase avec le fond, les effets escomptés sont absents. Forçant sur les poncifs du genre, le regard malade du personnage principal concurrence le ballet des cases où des tons sombres disputent le terrain à un rouge agressif. A trop en faire, la dragée ne passe pas. La manipulation de l’inquiétante étrangeté dans le quotidien n’est pas chose aisée mais faisable. Christian De Metter ( Figurec, L'oeil était dans la tombe) y excelle, peut-être justement parce qu’il évite de sur-jouer, adoptant un style fluide servi par un dessin où le malaise peut se dissimuler dans un simple rictus.
Prisonnier du genre dans lequel il s'inscrit, le suspens psychologique, et dont il livre une illustration au premier degré et sans grande finesse, le Jours gris tombe... à l'eau.