Résumé: Lorsque Camille rentre de ses vacances au Canada, tout se précipite : son amoureux québécois (resté sur place) exerce sur elle une sorte de chantage affectif et l’arrivée des examens n’est pas de nature à la rassurer… S’ensuit une montée de stress qui va bouleverser à jamais sa vie !
Epuisée, constamment au bord des larmes, Camille découvre le quotidien d’une bipolarité (maniaco-dépression) qui lui donne plusieurs fois envie d’en finir. Elle enchaîne les séjours en centres psychiatriques, au grand désespoir d’un entourage qui a parfois du mal à la comprendre...
Entre euphories passagères, expérimentations diverses et rechutes brutales, Camille tente de retrouver une vie de jeune femme « normale »…
Le journal d’une bipolaire est le récit autobiographique bouleversant d’une jeune femme en proie à une fluctuation anormale des troubles de l’humeur.
Si le trouble bipolaire est une pathologie psychiatrique bien connue, rares sont les témoignages qui la présentent simplement, dans son apparition et ses conséquences sur le quotidien.
Un témoignage authentique, qui n’est pas sans rappeler Dans la secte, un livre déjà scénarisé par Patrice Guillon, alias Pierre Henri qui met ici en forme le récit de sa propre fille
Un récit porté par les dessins vifs et expressifs de Sébastien Samson, un débutant au dessin déjà mature…
C
amille est une jeune femme pleine de vie. Études de droit, un petit copain au Canada et mille projets dans la tête. Parfois, elle pleure sans raison et semble perdre complètement ses moyens face aux petits évènements de l‘existence. Camille est bipolaire.
Le scénario, fruit de la collaboration entre Patrice Guillon (Les blagues de comptables) et sa fille Émilie - Camille dans l’album - reprend, chronologiquement le long et douloureux parcours face à la maladie de cette dernière. Le récit, précis médicalement, est des plus poignant mais ne tombe jamais dans le pathos et le voyeurisme. Le lecteur accompagne l’héroïne à travers sa dépression : tentatives de suicide, hospitalisations volontaires et forcées, cortège de médicaments, errance destructive et, heureusement, dans quelques périodes de rémission et autres petits moments de joie et d’espoir. Le ton est franc et sans concession. Dans un témoignage comparable (Journal d‘une disparition et Journal d‘une dépression), Hidéo Azuma avait su glisser quelques pointes d’humour décalées, ces petites respirations bienvenues manquent peut-être dans le cas présent.
Sébastien Samson illustre avec beaucoup d’attention cette histoire. Son style, l’influence de Frédérik Peeters perce à l’occasion, joue sur les décalages. Les décors, très travaillés et très précis, s’opposent à une représentation des personnages simplifiées, presque enfantines pour les visages. Cette approche permet au dessinateur de montrer avec beaucoup d’efficacité les émotions très changeantes des protagonistes. Le découpage est également efficace, il offre une très bonne lisibilité tout au long de l’ouvrage. Pour un premier, Samson s’en sort plus que bien.
Le journal d’un bipolaire est un excellent témoignage très bien réalisé sur une terrifiante maladie. À découvrir.
Les avis
Erik67
Le 04/09/2020 à 21:11:46
Je suis toujours preneur pour lire des récits qui nous font découvrir la maladie afin de mieux l'appréhender le cas échéant. La bi-polarité était encore inconnue du grand public il y a peu de temps. Nous suivons en l'espèce le parcours autobiographique d'une jeune femme Camille en proie à des troubles de l'humeur puisqu'elle passe de phases euphoriques au désespoir le plus total pouvant conduire à des tentatives de suicide.
Ce sont souvent des gens normaux, totalement intégrés, que l'on peut croiser tout les jours comme une collègue par exemple. Cela touche souvent l'entourage qui doit avoir beaucoup de courage pour faire face à cette situation malheureuse. Le pire de cette maladie est le fait de ne pas parvenir à la détecter à temps.
Je constate comme Camille que ces personnes sont souvent plus intelligentes que la moyenne, qu'elles passent souvent des concours administratifs de haut rang pour intégrer notre administration. Ainsi, je me rappelle que le responsable hiérarchique de mon épouse était malheureusement atteint de bipolarité. C'est alors la première fois que j'avais entendu parler de cette affection d'ordre psychologique liée à un dysfonctionnement au niveau du système nerveux central. Lorsque des malades occupent des rangs assez importants dans l'Administration, je vous jure que cela peut causer des dégâts importants...
Pour le reste, c'est un témoignage authentique qui peut nous toucher. Cependant, j'avoue avoir été sans doute plus marqué par d'autres témoignages du même genre dans d'autres oeuvres comme La Parenthèse par exemple. Peut-être que c'est dans le style d'écriture.