ça n'est pas vraiment facile de parler du Journal de Fabrice Neaud. Pas facile parce qu'un journal est par définition une oeuvre très personnelle, où l'on lache beaucoup de soi-même. Le lecteur est en position de voyeur sans aucun paravent, contrairement à une oeuvre de fiction, où le fait que ce ne soit pas vrai agit comme un buisson où l'on peut se cacher, où le côté interdit du voyeurisme disparait.
Pas facile parce que Fabrice Neaud n'a pas envie de nous ménager, il nous envoie son mal de vivre, ses tourments et son amour impossible en pleine gueule. Le malaise s'installe au fil des pages, on se surprend parfois à lire "contre son gré" certaines pages... Neaud raconte une période difficile de sa vie et ne nous ménage rien, il se met à nu, se dévoile complétement, montre ses défauts sans pudeur, sans complaisance non plus, mais fait en sorte que ça marque.
Il y a bien plus qu'une autobiographie dans ce journal, Neaud nous invite à réflechir sur ce qui nous entoure, sur l'homosexualité bien sûr, sur l'amour... J'ai eu l'impression que la relation que Neaud vit avec Dominique s'apparente à une véritable guerre de tranchées, le moindre bout de nez hors du trou rassurant de la tranchée s'apparente à une mise à mort en règle.
Bref, pas facile de parler du Journal de Fabrice Neaud. C'est encore lui qui se débrouille le mieux pour parler de lui, alors achetons ce chef d'oeuvre et entrons par la grande porte dans son monde, pas forcément joli-joli, provocateur parfois, râleur souvent, touchant toujours. entrez, et laissez la porte ouverte, que d'autres se laissent tenter