L
ors de l’opération d’Ohatsu, une fillette qui semble liée à lui, Jin Minakata disparaît. Coincé dans un espace interstitiel, il prend la pleine mesure des conséquences dans son propre futur des gestes qu’il accomplit dans le passé. La mort de l’enfant l’affecte énormément, mais il est rapidement happé par d’autres patients et par les attentes de ses collègues médecins. Ayant reçu l’aval du shogun, Jin entreprend d’enseigner la préparation et l’utilisation de la pénicilline et ne tarde pas à devoir de nouveau faire preuve de son talent de chirurgien pour obtenir la confiance des quelques praticiens européens installés au Japon.
Jin avait commencé sous les auspices d’un voyage temporel dont les tenants et aboutissants avaient longtemps été laissés en sourdine, le héros paraissant avoir pris son parti de sa projection manu militari dans le passé, sans chercher à en comprendre la raison ou sans tenter d’en sortir. La fin du volume précédent et le premier chapitre de ce douzième tome renouent avec cet élément en mettant clairement en évidence un paradoxe temporel. Néanmoins, le retour de cet aspect fantastique agit essentiellement comme une piqûre de rappel et conduit d’abord à une réflexion du personnage principal sur les répercussions immédiates et futures de ses actions dans le Japon pré-moderne.
En effet, Motoka Murakami recentre rapidement son récit autour de la confrontation entre Jin et les partisans des médecines traditionnelle et hollandaise, curieux de le voir à l’action et avides d’apprendre ses méthodes innovantes. Ces rencontres se traduisent par l’amorce d’une succession d’améliorations, dont on peut supposer qu’elles joueront un rôle par la suite pour mieux comprendre comment Jin a été propulsé 130 ans en arrière. Pour le reste, l’auteur multiplie une nouvelle fois les interventions toujours plus délicates menées par le docteur et les explique, voire décortique, de la même façon pédagogique et pointue que précédemment. Cependant, pour conférer un peu plus d’intensité à ces actes chirurgicaux se succédant à un rythme assez intensif, il place pour la première fois son neurochirurgien quasi émérite face à une opération qu’il n’a jamais pratiquée : la césarienne.
Doté d’un dessin réaliste dont la qualité ne se dément pas, ce douzième album s’inscrit dans la lignée des précédents et confirme la bonne tenue et l’intérêt de la série, s’il en était encore besoin.