Résumé: Au début de ce deuxième volume, la révolte gronde. La mutinerie et le meurtre vont s’emparer du Batavia. Jeronimus ne reculera plus. Mais avant d’avoir pu mettre son plan en application, Le Batavia se jette à pleine vitesse sur les récifs des îles Albrohos au large de l’Australie, en pleine nuit, le 4 juin 1629 et fait naufrage. Jéronimus va prendre la tête des réfugiés. Le cauchemar va continuer.
A
msterdam, octobre 1628. Une nouvelle vie commence pour Jeronimus Cornelisz. Embarqué à bord d’un navire commercial à destination de l’île de Java, l’apothicaire d’Haarlem espère laisser tous ses problèmes derrière lui. Chaque souffle dans les voiles du superbe trois-mâts l’éloigne un peu plus de ce cercle d’amis soupçonné d’hérésie et de cette pharmacie désertée par les clients depuis que son fils unique est décédé de la syphilis. Les intempéries, la gangrène, le scorbut et autres maux ont cependant vite fait de miner le moral des marins à bord du Batavia. La révolte gronde et chaque incident fait un peu plus de vagues ... jusqu’à cette fameuse nuit du 4 juin 1629 !
Christophe Dabitch et Jean-Denis Pendanx poursuivent la triste biographie de Jéronimus, ce hollandais qui, frappé par le malheur et au bord de la ruine, tente de refaire sa vie à bord du Batavia, le navire de la célèbre VOC : La Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Après avoir goûté à l’ambiance de l’Amsterdam du XVIIe siècle lors du précédent volet de cette trilogie, le lecteur retrouve le huis clos prenant qui s’installe à bord de ce navire batave ayant appartenu à l’une des entreprises capitalistes les plus puissantes qui ait jamais existé. Au fil des regards et des échanges verbaux qui nourrissent les complots, le récit va basculer et approcher très lentement ce point de non-retour nommé mutinerie. Alors qu’un ballet sournois à la fin inéluctable s’installe entre le Capitaine Ariaen, le Commandeur Pelsaert, Creesje et Jeronimus Cornelisz, le gouffre qui sépare les officiers des classes sociales moins privilégiées ne fait qu’augmenter les tensions au sein de l’équipage. Si la maladie, les intempéries et les morts contribuent à saper l’ambiance de cette expédition maritime sans retour, ce sont surtout la transformation psychologique et le nouvel état d’esprit de Jeronimus qui préfigurent le drame qui se profile au fil des pages. Petit à petit, le père de famille s’efface au détriment d’un psychopathe visionnaire, sournois et calculateur.
Après avoir étalé son talent dans les déserts d’Abdallahi, Jean-Denis Pendanx démontre qu’il a également le pied marin et livre à nouveau un graphisme de toute beauté. Les splendides peintures plongent le lecteur dans l’ambiance d’époque et rendent souvent tout texte superflu. La mise en images du naufrage du Batavia sur les récifs des îles Albrohos au large de l'Australie est à ce titre tout bonnement époustouflant.