N
e supportant plus son quotidien de parasite auprès d’une femme qu’il n’aime pas, Yôzô Ôza rompt. Pendant un an, il se reprend en main, se rachète une conduite et connaît le succès avec son manga. La vie lui sourit encore plus lorsqu’il rencontre la jolie et pure Yoshino qui accepte de l’épouser. Mais, la noirceur le rattrape brutalement en le touchant au cœur même de son bonheur. L'enfer s'ouvre et Yôzô retourne à ses démons : alcool, drogue, violence. La déchéance est là, au bout du chemin.
Ce second et dernier volet de Je ne suis pas un homme poursuit l’évocation du parcours d’un jeune mangaka, du confort d’une famille bourgeoise à la morale étriquée jusqu’aux bas-fonds les plus sordides. Alors que le premier tome soulignait la volonté du héros d’échapper à la normalité en s’immergeant dans la turpitude et en cultivant l'autodépréciation, celui-ci s’attache à montrer que même son bonheur doit être (et est) marqué du sceau de l’exception et qu'il ne peut y tolérer le moindre accroc. Cette excessivité du personnage principal qui le pousse au meilleur comme au pire, est traitée avec justesse par Usamaru Furuya, tant dans le ton du récit que dans sa mise en images. Il n’existe pas de moindre mesure, que ce soit dans la période heureuse ou lorsque le sentiment de culpabilité et le dégoût de soi – donc des autres – l’emportent. Rien n’est épargné au lecteur, des délires d’un Yôzô sous psychotropes ou de ses sursauts de conscience parfois plus terribles que ses crises. Son état de déliquescence, ses accès de folies dues aux visions liées au manque, sont puissamment rendus par l’auteur dont le dessin très expressif n'hésite pas à représenter, par le biais d’un trait plus lâché, les hallucinations perverses et démentes d’un esprit désaxé.
Une deuxième partie réussie pour un diptyque fort et dérangeant.