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rançois a un sérieux problème avec les filles. Dès qu’il s’approche d’une potentielle conquête, un fantôme, style pulpeuse aux cheveux longs, apparaît subitement pour lui réclamer son corps. Forcément, pour la concentration, au moment de porter l’estocade finale et attirer la belle dans ses bras, ce n'est pas gagné. Il pensait qu’en se rendant sur une île paradisiaque et déserte, en compagnie de sa dernière petite amie, il allait aussi laisser derrière lui l’encombrante apparition. Bon, d’accord… le havre enchanteur en question, c'est l’île d’Oléron où il passait ses vacances familiales, étant enfant. Non seulement il ne s’est pas débarrassé de l’ectoplasme, mais il fait, de plus, la connaissance de sa « mauvaise conscience » qui le renvoie illico dans son passé. C’est peut-être là, dans sa jeunesse, qu’il va découvrir les origines de ses problèmes d’adulte.
S’il faut trouver un point commun entre le titre de l’album et son contenu, c’est vers le rythme, endiablé, conféré par l’auteur qu’il convient de se pencher. Fano Loco signe ici une histoire absurde et déjantée, moins par le propos, que par la narration totalement débridée. Comme souvent pour une première œuvre, et même si elle n’est certainement pas complètement autobiographique, les références personnelles sont nombreuses, des Dents de la mer aux multiples séjours au bord de l’Atlantique. Ce grand écart donne lieu à un résultat parfois brouillon qui occulte en partie la formidable énergie créatrice qui point à chaque page. Au lieu de ça, il faut s’attarder sur le dessin, très nerveux, en bichromie, emprunté en grande partie à l’école underground américaine.
Si Jazz n’atteint pas des sommets, notamment par son caractère parfois nébuleux et souvent fourre-tout, il permet en revanche de découvrir un jeune auteur au potentiel très prometteur.