Info édition : Mention "Première édition". Couverture souple avec rabat et 46 planches en couleur.
Résumé: Il est dit qu'un mystérieux tueur au ciré jaune, armé d'une machette et portant une biche sur l'épaule, "le Slasher", sévissait il y a longtemps dans la région.
C'est en tout cas l'histoire que racontent les moniteurs du camp de vacances auquel participe Lucie lors d'une veillée, dans le but d'effrayer les adolescents.
Moquée et mise à l'écart du groupe, celle-ci subit au quotidien les humiliations de ses camarades, jusqu'à ce que les choses dérapent de manière irréversible: les harceleurs décident de faire une mauvaise blague à Lucie. Justin, le leader du petit groupe, la surprend en pleine nuit en se faisant passer pour le Slasher.
L
ors d'une veillée dans un camp de vacances, les moniteurs cherchent à effrayer les ados avec la prétendue légende d'un tueur vêtu d'un ciré jaune, armé d'une machette et portant une biche sur l'épaule. Il aurait sévi des années auparavant sur les lieux où ils se trouvent. Restée à l'écart du groupe, Lucie se retrouve moquée puis agressée par d'autres adolescents. Plus tard, elle assiste à une scène qu'elle n'aurait jamais dû voir. C'est là que le drame débute...
Annoncé en grande pompe lors des éditions 2024 du FIBD et de la Japan Expo, le nouveau titre du label 619 sort au moment d'Halloween. Le timing est bien orchestré afin de remettre au goût du jour le sous-genre de l'épouvante qu'est le slasher, dont le principe consiste en une série de meurtres (plus ou moins gore) perpétrés par un tueur psychopathe. Souvent, ce dernier est masqué, pour dissimuler une difformité physique. Le cinéma hollywoodien en a produit qui sont devenus des références, tel les premiers opus d'Halloween, de Vendredi 13 ou encore Scream. Le cinéma français et plus particulièrement les Nuls avec La cité de la peur enn ont proposé une parodie sincère.
Ces films ont peu à peu laissé place à des longs métrages plus sanguinolents et violents à la fin des années 2000. La bande dessinée a suivi une chronologie presque similaire. Aussi, lorsque le label 619 a présenté une mini-série en trois tomes, inspirée d'un genre tombé dans l'oubli visuel, le risque du flop aurait pu être grand. Cela est sans compter sur le duo d'auteurs qui a réussi le pari de rester fidèle à ce qui fait le sel de ce type de récit horrifique, tout en le dépoussiérant afin de le faire coïncider avec l'évolution des goûts du lectorat.
Pour ce faire, Run, le papa de Métafukaz, se colle au scénario. Il parvient à reprendre plusieurs thèmes forts et connus, tels le camp de vacances qui tourne mal, la bêtise adolescente et la vengeance. Néanmoins, il s'éloigne des poncifs en optant pour un autre angle d'attaque. C'est l'hypocrisie des jeunes adultes encadrants qui lance un harcèlement tournant au drame. L'emballement médiatique - et sa course au scoop et aux breaking news - est aussi dénoncé dans toute son idiotie et dans son voyeurisme le plus obscène. Enfin, il incorpore l'idée que le monstre n'est pas forcément celui qui est différent. Alliant ainsi des éléments familiers du cinéma d'horreur et d'autres plus contemporains, Run propose une intrigue plus travaillée et appréciable à lire.
Ce dernier point est aussi visible dans la partie graphique assurée par Rours. En effet, le dessinateur opte pour un trait assez proche de la bande dessinée japonaise. D'ailleurs, l'éditeur a organisé la série de cette manière avec quelques planches en couleurs au début de chaque chapitre, avant de passer au noir et blanc. Le côté manga est aussi présent dans le format utilisé. L'artiste reprend des choix de cadrages proches de ceux du septième art, donnant un aspect spectaculaire à de nombreuses scènes. Il parvient à insuffler beaucoup de dynamisme, pour ne donner aucun temps mort aux bédéphiles, tout en accumulant... des morts. Rours utilise intelligemment les jeux d'ombres dans les décors, qui bénéficient d'un soin appréciable.
Jaune s'inscrit dans la pure tradition du slasher, avec un rythme soutenu et un dessin plaisant, qui font le bonheur des amateurs du genre.
Les avis
Yovo
Le 07/11/2024 à 09:20:11
On ne doit pas s’ennuyer au Label 619 ! C’est étonnant de voir que d’un côté, ils sortent de gros albums d’une qualité exceptionnelle (« Carbone et Silicium », « Hoka Hey ! » ou « Frontier » pour ne citer qu’eux), mais que d’un autre côté, cette bande de geeks semble avoir carte blanche pour se faire plaisir aussi avec des titres complètement décalés, nourris de séries B, de sous-cultures et d’animes underground.
« Jaune » appartient clairement à la 2ème catégorie. Un manga-hommage aux films d’horreur et aux tueurs masqués de notre adolescence, façon Massacre à la tronçonneuse. RUN et Rours – qu’on imagine incollables sur le sujet – ont donc concocté leur propre « slasher », qui fleure bon les soirées vidéo-club. Evidemment, même truffé de références en tous genres, le scenario est plutôt bas du front. Il s’enkyste inévitablement dans tous les clichés qu’il exploite pour servir sa démarche.
Néanmoins, la mise en scène reste percutante et inventive. Ça va vite, il y a de l’envie, c’est maitrisé. J’ai trouvé ça franchement sympa à lire. En tout cas, ce 1er tome est prometteur pour la suite. Au final, la série pourrait s’avérer jouissive, à condition de garder un minimum d'ambition, de ne surtout pas s’auto-censurer et d’y aller à fond !
Si, comme moi, c’est cela que vous êtes venu chercher avec « Jaune », pas de souci, vous êtes au bon endroit et vous serez servis. En revanche, si vous cherchez un truc intelligent, romantique ou élégant, prenez vos jambes à votre cou et fuyez, pauvre fou ! le slasher en ciré jaune est déjà à vos trousses !