Info édition : Édition normale, Le prix n'est pas noté au 4e plat.
Résumé: Le biopic dessiné d'un artiste bouillonnant, dépeint avec une vitalité incroyable, pour commémorer les 40 ans de sa disparition. Le quartier de Montparnasse au coeur des années 1920 : ses fêtes enivrantes, ses débats littéraires, ses artistes de mille et un univers. De retour de son service militaire en Turquie, Jacques Prévert y fréquente l'avant-garde de cette époque, entre Louis Aragon, Robert Desnos ou André Breton avec lesquels il écrit quelques-unes des plus belles pages du surréalisme. Ce mouvement, beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à écrire et d'un parapluie, éclatera finalement tandis que Prévert se met à côtoyer Giacometti, Carné ou Pierre Batcheff, qui l'entraîneront vers une carrière de scénariste et la création de la troupe Octobre.
C
onstantinople, 1921. Un jeune militaire trompe son ennui dans le raki. Il a vingt et un ans et se prénomme Jacques. Jacques Prévert !
Après Piscine Molitor, le duo Cailleaux/Bourhis s'attaque à un autre monstre sacré de Saint Germain des Près. Entre 1920 et 1950, cette trilogie s'attache aux trente premières années de création d’un fossoyeur des idées reçues, de l'inventeur du cadavre exquis.
S'il n'était qu'un mot, qu'une impression à retenir de cet opus introductif, à l'évidence, ce serait, "Liberté". Liberté de ton, liberté de paroles, liberté de ne pas répondre aux convocations de Breton, liberté de choisir ses affinités littéraires, de se lever comme de se coucher tard et, surtout, Liberté de se jouer des conventions. Pour faire écho à cette indépendance, l'album casse la case, s'invente une pagination intuitive, suit un fil narratif vagabond… Tout respire l'insouciance, la légèreté à l'image d'une époque qui voulait peut-être rattraper le temps et oublier.
Cette biographie, visiblement très documentée, prend le parti de donner à connaître l'homme plus qu'à comprendre le poète. Là est peut-être sa limite, car s'il est intéressant de se pencher sur les us et coutumes de la fantasque troupe du "54, rue du Château", il est difficile - pour qui ne connaît rien aux mouvements qui agitèrent le Landernau littéraire du début du siècle dernier - de saisir la portée du Surréalisme, ou des courants artistiques qui marquèrent ces folles années. Si le scénario resitue habilement Prévert dans l'effervescence de l’intellectualisme parisien des années 20, il le fait sans pour autant en livrer les clefs qui donneraient à appréhender les chemins qui l'amenèrent à transformer de ternes termes en une cascade de turbulentes sonorités ou en un flot d'iconoclastes idées !
Ceux qui souffrirent mille et un maux sur les mots d’une liste sans queue ni tête trouveront sûrement ici matière à atténuer les petites rancœurs de zéros pointés ou de retenues passées sur une studieuse page d'écriture. "Deux et deux quatre, quatre et quatre huit…".