Résumé: À la fin des années 1990 en Corée du Sud, dans un environnement social marqué par les retombées de la crise financière en Asie, Gu Go-shin, étrange et charismatique combattant syndical, mène avec brio diverses opérations-chocs pour promouvoir les droits des travailleurs.
Son chemin croise celui de Lee Soo-in, cadre prometteur de la grande distribution. Humain, travailleur, courageux, Lee n'a qu'un défaut : ne pas supporter l'injustice lorsqu'il en est témoin. Les détestables pratiques sociales de son nouvel employeur, puissant groupe français récemment installé en Corée, vont réveiller ses instincts de justicier.
Intraitable est en réalité l'histoire de l'implantation de Carrefour en Corée du Sud et dresse le portrait d'une société coréenne complexe, traversée de tensions multiples.
L
ee Soo-in est un jeune homme sérieux et travailleur. Ces qualités ont été reconnues pendant son service militaire, puis lorsqu’il a commencé à travailler comme directeur chez Fourmi (alias Carrefour), la filiale d’une multinationale française établie en Corée. Sa carrière s’annoncerait prometteuse s’il ne souffrait d’une sévère allergie à l’injustice, laquelle l’amène à confronter l’autorité, particulièrement lorsqu’elle bafoue les lois. Son destin croise celui de Gu Go-shin, un syndicaliste à la tête d’une modeste agence spécialisée dans la défense des droits des travailleurs.
Le scénario de Choi Kyu-sok a pour cadre le pays de Moon Jae-in à la fin du XXe siècle, un État dominé par l’économie de marché et ses dérives. Les patrons se moquent de la législation qui a d’ailleurs peu de mordant ; ils harcèlent, menacent et, évidemment, s’opposent à la création de syndicats. Au pire, ils paieront une amende de quelques centaines ou milliers de dollars. Le scénariste fait converger les protagonistes qui ont pourtant peu en commun. Le premier est résolument de droite et carriériste, alors que le second est de gauche et militant. Ils ne s'apprécient pas vraiment, mais tous deux aspirent à un monde plus juste. Le récit s’attaque par ailleurs à la question du bien-fondé d’un combat mené au nom d’un idéal qui pourrait bien laisser sur le carreau les petites gens censées être défendues.
Le dessin réaliste en noir et blanc se montre relativement sommaire, les acteurs sont expressifs, peut-être ont-ils parfois tendance à surjouer. La composition apparaît nerveuse, les cadrages et les plans variés. Un seul reproche, mais de taille, les décors sont souvent réalisés à partir de photos mal intégrées à l’ensemble.
Une histoire qui rappelle Germinal ou Les Raisins de la colère… autres lieux, autres temps, même combat.