Le 13/02/2021 à 09:48:59
Il m'arrive de temps en temps de lire des BD finlandaises. Oui, cela existe et elles peuvent être éditées en France ce qui est le cas pour l'internet de la haine. On comprendra que ce phénomène dépasse un peu les frontières. C'est une BD documentaire sous forme de témoignage de femmes qui ont été les victimes de trolls sur internet simplement parce qu'elle avait émise une opinion. Les auteurs vont indiqués que c'est absolument inadmissible. Je suis totalement d'accord sans la moindre réserve. Cependant, les auteures vont plus loin en indiquant que c'est comme un crime de lèse majesté et qu'il faut sanctionner à tout va, diligenter des enquêtes approfondies et coûteuses pour débusquer les coupables et les mettre en face de leur forfait. Presque une vindicte populaire sans aucune granularité. Là, je suis un peu partagé et pas très convaincu. J'ai moi-même été victime d'un troll sur ce présent site pour avoir donner une citation dans ma présentation qui n'a pas plu (pou rappel : « l'homme a besoin de passion pour exister »). En ais-je fais toute une histoire ? Non, j'ai laissé passer. Or, les auteurs ne veulent rien laisser passer car elles estiment que c'est le début d'un viol ou d'une atteinte grave à la liberté d'expression. Voilà, pas de demi-mesure. « Vous ne passerez pas ! » aurait crié un certain Gandalf. Un appel est lancée aux femmes pour combattre ce genre de harcèlement car elles subissent une charge émotionnelle violente. Il nous est indiqué que notre silence vaudra acceptation de la situation. On sera le complice des trolls haineux... Vous aurez vite compris mes réserves en la matière. Les auteures se basent sur des statistiques de leur pays la Finlande. On a l'impression que ce pays est envahi par les messages haineux depuis les années 2010 avec un pic en 2015 coïncidant avec l'arrivée massive de migrants sur leur territoire. En gros, des femmes notamment journalistes, sociologues et blogueuses prennent position pour les migrants et elles sont lynchées sur les réseaux sociaux pour collaboration avec l'ennemi venu envahir leur pays. Les attaques viennent notamment de sites d'extrême droite. Oui, les trumpistes sont partout dans le monde. Le propriétaire d'un de ces sites haineux a même été arrêté par Interpol en Andorre en août 2017. De manière générale, ce sont des gens normaux qui font cela car ils se sentent plus hardis et moins inhibés derrière un écran. Ils ont alors moins de discernement que dans la vraie vie. Cependant, je crois qu'il existe également des personnes véritablement malveillantes qui œuvrent à la propagation de la haine sur internet. Par ailleurs, on ne peut exclure la santé mentale de certains individus. A l'origine, il y a presque toujours une expression de frustration et de rancœur. Où est donc passée la tolérance ? Telle est la question que je me pose. On ne peut souhaiter la mort à des personnes qui ne partagent pas les mêmes convictions politiques, sociétales ou religieuses. Les cibles sont majoritairement des femmes, de couleur et lesbienne de préférence. On aura droit à divers témoignages dont certains sont intéressant dans le genre leur haine nourrit ma force. Les insultes ne seront pas épargnés au lecteur et même sur la couverture arrière de l'ouvrage : il faudra s'accrocher. Âmes sensibles, s'abstenir ! Bref, n'importe qui peut être la cible d'une campagne de haine sur internet avec du cyber-harcèlement. Il est important d'être blindé et d'encaisser. Si ce n'est pas le cas, il y a toujours la police mais cela sera classé sans suite. Il est vrai que notre pays a renforcé dernièrement sa législation en la matière. Reste à savoir si les policiers l'appliqueront réellement dans les faits. Au final, un documentaire assez intéressant qui donne lieu à réfléchir sur ce phénomène de société même si je ne partage pas totalement le point de vue des auteures. La sécurité de vos données personnelles est essentielle et il faut préserver votre vie privée notamment sur les réseaux sociaux. En fin d'ouvrage, des conseils seront donnés si on est harceler en ligne dans une démarche pro-active afin d'éviter un trouble de stress post traumatique comme les soldats américains revenus de la guerre d'Irak. Un mauvais conseil serait d'éteindre son ordinateur et les réseaux sociaux car internet est un espace public qui appartient à tous. Par conséquent, il ne serait pas juste de rejeter la responsabilité sur la victime et de lui conseiller de quitter un espace qui resterait libre pour tout les autres. Internet est devenu un lieu de vie sociale. Il ne faut pas demander aux victimes de poser des limites à sa propre vie. Il faut au contraire apporter tout son soutien aux victimes en adressant des messages positifs ou en lui proposant de l'aider à déposer une plainte. Le discours haineux est un problème sociétal qui relève que la société va très mal. Triste époque.BDGest 2014 - Tous droits réservés