D
ans une ville quelconque, un immeuble quelconque... Un lapin fantôme se déplace d'appartement en appartement et s'immisce dans l'intimité des habitants en scrutant leurs rêves. Il rapporte ensuite ses observations au «Grand Sombre», une entité qui sommeille au sous-sol.
Les éditions Vertige Graphic croient en la BD italienne. Ainsi, leur collection Ignatz accueille Gipi, Igort, Mattotti ou encore Gabriella Giandelli, autant de noms montrant que la BD d'auteur se porte très bien chez nos voisins.
Dans Interiorae, on reconnaît immédiatement le style de Giandelli. Un graphisme doux et chaleureux tout en pastelle dont les rondeurs et l'aspect statique évoquent l'Art Naïf, un peu à la manière de Loustal. Il s'en dégage une grande quiétude propice à l'évasion, au rêve. En revanche, la bichromie de rigueur dans la collection ne permet pas à la dessinatrice d'exprimer l'étendu de son talent qui repose d'habitude sur une grande finesse dans le traitement des couleurs. Il n'y a qu'à regarder la couverture pour s'en convaincre.
Dès les premières pages, le ton est donné : un lapin aux allures humaines nous parle des gens qu'il observe, décrivant ce qu'ils pensent et restituant leurs rêves. Un récit très abstrait et contemplatif, pour lequel il est difficile de se passionner. L'ennui se fait sentir assez rapidement et quand on croit tenir un semblant d'explication avec l'apparition du «Grand Sombre», elle est tellement peu convaincante qu'elle ne fait que confirmer l'hermétisme de cette oeuvre absconse.
Peut-être que les épisodes suivants permettront de mieux apprécier le travail de Giandelli. Mais pour le moment, Interiorae apparaît comme un ouvrage expérimental qui risque de rebuter nombre de lecteurs.