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onchon et Grognon, deux amis colocataires. L’un tombe amoureux, une grille de loto se perd et les diabolos menthes tiédissent.
Suzanne Queroy et Stéphane Oiry ont choisi de raconter les aventures de leur héros en strips indépendants. Chaque page de quatre cases est un gag en soit et peut-être lu indépendemment des autres, néanmoins l’ensemble forme une histoire complète avec pour fil rouge la recherche du bulletin gagnant .
Les strips sont très populaires en Amérique du Nord où ils paraissent dans les quotidiens. En Europe, cette tradition de la page des « funnies » n’existe pas, ce type de BD n’est pratiquement pas utilisé. Ce format simple en apparence est en fait très difficile à manier, l’auteur n’a à disposition que trois ou quatre cases pour amener une chute percutante à son gag. Malheureusement pour Ronchon et Grognon, Suzanne Queroy pêche particulièrement dans ce domaine. Certaines histoires font bien sourire, mais aucunes ne provoquent franchement l’hilarité. Les petites scénettes ne sont pas très originales et n’amènent que très rarement de surprise.
Stéphane Oiry (Pauline, Les Passes murailles) est plus à son aise, son traitement graphique est dynamique et sa mise couleur originale. Ces personnages vaguement anthropomorphiques sont expressifs et, malgré leur patronymes, sympathiques. Dans un autre genre, le pinceau généreux de Oiry rappelle les travaux de Dupuy et Berbérian. La mise en couleur est très réussie, parfaitement dans le ton du dessin : relâchée tout en restant suffisamment précise.
L’objet en lui-même est très joli, un petit livre carré avec une couverture très typée, très graphique. Est-ce le manque d’originalité, d’humour ou le format narratif mal maîtrisé ? Le fait est que Ronchon et Grognon est en fin de compte une BD plutôt insipide.