Résumé: Fabien Toulmé nous propose une nouvelle sélection de moments inoubliables, ces petits ou grands points de bascule qui dessinent le destin d'un être humain. Vous partagerez ainsi l'expérience d'une skieuse suisse réchappant d'une avalanche. Celle d'un homosexuel contraint de cacher sa nature pendant quarante ans. Le quotidien d'un couple brésilien miné par la jalousie toxique d'un petit ami violent.
Mais surtout la vie d'un soldat ukrainien, dans un long témoignage rare et poignant. L'occasion de mieux percevoir la réalité brute de la guerre. Mais aussi les combats intérieurs se déroulant dans l'âme d'un être humain qui, comme nous le ferions tous, oscille entre peur, interrogations, action et courage. Inoubliable.
D
ans Inoubliables 2, Fabien Toulmé poursuit ses chroniques d’histoires inspirantes vécues par des gens ordinaires : impression de mort imminente sous la neige, animation dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EPHAD), homosexualité assumée, violence conjugale et conscription en Ukraine. Ces expériences ont profondément transformé celles et ceux les ayant vécues.
Le bédéiste sait écouter ses interlocuteurs et traduire leurs sentiments en dessins et en mots. Le traitement se montre toujours pudique, un peu comme si le confident refusait de s’approprier une émotion qui ne lui appartient pas. Ces témoignages, bien que personnels, tendent vers une forme d’universalitél. Le propos se résume en effet toujours à un besoin fondamental : aimer et être aimé.
Certaines tranches de vie se révèlent plus percutantes que d’autres. L’éditeur ne s’est d’ailleurs pas trompé en commençant le recueil avec la mésaventure d’une skieuse imprudente, victime d’une avalanche. Résignée à mourir, elle fait silencieusement ses adieux à sa progéniture. Ce huis clos, en solo et sous zéro, est particulièrement fort.
Dans certains cas, le scénariste ne semble pas avoir trouvé d’angle original pour aborder un sujet. Un gay s’assume, il n’y a rien là de vraiment nouveau ; mais pourquoi diable l’androgame n’a-t-il plus de contacts avec ses six enfants? Voilà pourtant un aspect qu’il aurait été intéressant de creuser.
L’artiste s’appuie sur un trait minimaliste et naïf. Il se préserve ainsi de dessiner une succession de visages défaits et torturés, laquelle aurait été contre-productive puisque son projet constitue avant tout une ode à la vie. À l'image du propos, la colorisation est sobre ; chacun des chapitres étant habillé de deux ou trois couleurs posées en aplats.
Un livre plaisant, mais il est difficile d’éviter la comparaison avec les récits longs écrits par le même auteur (Ce n’est pas toi que j’attendais ou L’Odyssée d’Hakim). Reposant sur une démarche similaire, leur gabarit permet d’approfondir les enjeux et les motivations des personnages.