Résumé: Peary a enfin découvert le Pôle Nord ! C’est du moins ce qu’il croit, car le vieux dieu déchu a utilisé ses pouvoirs pour faire mentir ses instruments et le tenir éloigné du territoire des Dieux…
Plus au sud, la vieille Inuit reprend le récit de l’histoire des enfants d’Inlandsis… Le garçon muet a maintenant une dizaine d’années. Son protecteur, Nanuq, vient de mourir et son successeur le bannit de la tribu. Il part à la recherche de sa semblable, l’autre deux-brasdeux-jambes, la fille louve, elle aussi traquée par les Dieux…
Le Tupilak, cet être monstrueux composite au service des Dieux, est aux trousses des deux enfants, semant la mort et la désolation sur son passage…
Bientôt il les trouvera. Les enfants devront alors unir leurs efforts pour vaincre l’immonde créature, la tuer et la démembrer…
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algré les embûches et les pertes, le commandant Robert E. Peary parvient à atteindre le pôle Nord géographique. Du moins le pense-t-il, car il a été dupé par le dieu banni chargé par ses frères d’écarter tout danger sur leur existence. Ce dernier œuvre aussi à empêcher la vieille Inuit de transmettre son savoir. Toutefois, malgré les attaques, l’ancienne poursuit sa narration de la légende d’Inlandsis.
Inlandsis, la contrée créée par des déités pour se protéger des hommes, un mythe du Grand Nord inventé par Stéphane Betbeder. Il l’a fait naître dans le tome précédent et le déroule maintenant. Délaissant rapidement l’ère moderne, il entraîne les lecteurs à la suite des deux bâtards, nés de pères humains et de mères divines, dont l’union représente un péril pour les jeunes divinités exilées sur le monde terrestre. Le scénariste développe habilement sa trame, alternant les séquences entre chaque enfant et les manigances du gardien chargé de supprimer la menace. Le récit est alerte, plein de rebondissements et d’évènements tels qu’il sied à un conte. La fable continue de s’étoffer grâce à la magie qui lui est insufflée au travers, notamment, du monstre fabriqué pour exterminer le couple de deux-bras-deux-jambes ou de la faculté de ces derniers à parler le langage universel. Cette capacité n’est pas sans rappeler l’allégorie de la Tour de Babel, les bêtes et les êtres humains ayant partagé le même dialecte à une certaine époque, jusqu'à ce que les dieux, inquiets d’un tel pouvoir, y mettent fin.
L’originalité de l’histoire trouve son pendant dans le trait de Paul Frichet. Le dessinateur excelle à donner vie à cet univers imaginaire grâce à de magnifiques paysages désertiques et à l’expressivité toute humaine qu’il confère aux différents animaux présents dans l’épopée.
Les promesses nées dans le premier opus sont ici pleinement tenues et c’est avec envie que le troisième et ultime volet se fera attendre.