Info édition : Contient The Infinite Loop (IDW) #1-3.
Résumé: Teddy vit dans un futur lointain, un monde édulcoré et sans aspérité où il n'y a plus d'enjeux, plus de haine, et surtout... plus d'amour. Un monde en apparence apaisé et sans conflit et où les voyages spatiotemporels font partie du quotidien. Teddy y mène une existence parfaite, exerçant son travail de correcteur d'anomalies temporelles au sein d'une brigade gouvernementale. Sa vie se déroule sans accroc jusqu'à ce que l'une de ces anomalies prenne la forme d'une jeune femme. Teddy est alors confrontée à un choix terrible : osera-t-elle défier sa hiérarchie et sauver l'anomalie ou va-t-elle purement et simplement la supprimer ?
T
eddy chasse les anomalies temporelles afin de préserver le futur d’une humanité qui a troqué sa liberté contre une vie de tranquillité !
Infinite loop est une belle success-story. Fruit de l’imagination de Pierrick Colinet et du trait d’Elsa Charretier, l’album doit beaucoup à l’enthousiasme de nombreux édinautes. Grâce à la contribution de ces derniers, les jeunes auteurs ont pu mener leur projet au-delà des espérances les plus folles et – pardonner du peu - prendre pied sur le sol américain, la série étant publiée chez IDW depuis avril 2015. Aujourd’hui, Glénat Comics sort une version hard-cover des trois premiers opuscules parus.
Ceux qui seraient attirés par le côté science-fiction du titre, comme du pitch, seront bien obligés de revoir leur ambition à la baisse. S’il est question d’espace et de temps, ceci n’est en fait qu’un prétexte contextuel pour aborder un sujet plus large : celui du libre-arbitre. À cet effet, Pierrick Colinet imagine une société qui appréhende le sentiment amoureux comme une source de désordre social et le censure, telle une incongruité. En inventant pour son héroïne une liaison avec une attirante anomalie aux cheveux violets, le jeune scénariste fait d’une pierre deux coups, puisque Teddy transgresse les règles sociales et morales de sa société et doit en assumer les conséquences. D’aucuns verront dans Infinite loop un plaidoyer gay et d’une manière plus générale LGBT ! Est-ce l'unique propos ? S'il est vrai qu’au regard des gesticulations du mouvement La Manif pour tous, il en reste pour réduire l’amour à une relation socialement sexuée, les amours saphiques de Teddy apparaissent davantage comme une gentille parabole sur la liberté et la possibilité de choisir, qu’un manifeste pro-gay ; bien que l’un n’empêche pas l’autre !
À l’image d’une friandise qui, derrière une entame acidulée, laisserait percevoir des notes plus complexes, Elsa Charretier impose un graphisme coloré, souple, épuré. Ses planches sont tour-à-tour dynamiques, inventives, voire sensuelles selon les besoins du scénario et offre un ensemble homogène, graphiquement réussi et plaisant à lire.
L’éveil est une manière légère d’évoquer, sans en avoir l’air, deux ou trois petites question à caractère existentiel…
Nota : Pour aller plus loin sur l’homosexualité dans la bande dessinée européenne' "c'est ici".
La première édition de L’éveil contient pour sa part un supplément sur "L’homosexualité dans les Comics".