Résumé: Un jeune homme métis blanc-comanche se pointe aux abords d’une ferme isolée des grandes plaines. La vieille Molly s’étonne de voir un cavalier dans cette zone d’ordinaire totalement dépeuplée. Ce métis prénommé John est venu prévenir son ancien ami, le vieux Burt, que la bande de Chemise de Fer campe au bord de la Purgatorie River. L’heure de la vengeance a sonné… et surtout, elle urge, car les rangers ne vont pas tarder à tomber sur le paletot de cette tribu indienne. Malgré la bouteille de whisky à moitié vidé à ses côtés, Burt affalé sur un fauteuil de l’autre côté de la ferme, se lève d’un coup sec. Silencieux, le visage fermé, un regard de haine envers le métis, il charge sa winchester. Il enfourche son cheval et part, suivi de près par John. Burt se dirige tout droit vers Purgatorie River, quitte à traverser un territoire dangereux, en pleine zone Kiowa. A aucun moment, John ne parvient à infléchir sa décision. Burt reste mutique et décidé. John se souvient que jadis, Zeb, le fils de Burt, avait été massacré par des indiens. Il se souvient aussi que sa femme Clara avait préféré se tirer une balle dans le crâne plutôt que d’être violée par les mêmes indiens. Il comprend cette vengeance qu’il permet aujourd’hui, mais il redoute sa fureur…
Quel talent ce Serpieri ! Les dessins sont toujours autant maîtrisés dans cette seconde réédition et on sent dans le regard et les visages des personnages tous les sentiments qui les animent. Le questionnement de Burt en page 9, son ahurissement et sa haine en page suivante sont de bons exemples. Les quakers ne font aucune concession aux indiens et à ceux qui n’appartiennent pas à leur communauté. Et de savoir sa fille Sarah captive des indiens, Burt ne le supporte pas.
Cette histoire me rappelle un peu le chef d’œuvre de John Ford avec John Wayne « La prisonnière du désert ». Les sentiments et émotions d’Ethan Edwards (John Wayne) et ceux de Burt envers les comanches sont assez semblables. A ceci près qu’Ethan à la fin du film saura faire des concessions contrairement à Burt et d’ailleurs contrairement à tous les protagonistes de l’histoire.
Cette BD fait part à un déchaînement de violence et de bêtise comme l’histoire indienne a pu en connaître. Un révérend et une bande d’hallucinés sont aussi à la recherche des comanches responsables du rapt de Sarah. Pour eux, une seule possibilité tuer l’ensemble du camp, femmes et enfants compris. Le portrait du révérend page 25 impressionne et le rayonnement de folie dans son visage fait vraiment peur.
La fin est terrible mais certainement très proche de ce qui a pu réellement arriver à cette époque. La version noir et blanc de cet album exalte le côté cruel de l’histoire. J’aimerais pourtant bien acheter un jour la version colorisée de 1985 éditée par Dargaud.
Je conseille cet album aux amoureux des westerns ne serait-ce que pour les dessins de Serpieri.