A
rrivés en Inde, une nouvelle vie commence pour le juge Arthur Byle et sa famille, la jolie Virginia Moore, qui se fait toujours passer pour Percy Law, et le major Redfield. À Calcutta, si le magistrat se fait vite à son nouvel environnement auquel il goûte avec plaisir, son épouse, Cybill, peine à en apprécier les beautés. De son côté, fraîchement accueilli par son supérieur, Redfield trouve en son second, un vétéran cipaye, un soutien efficace. Il est bientôt confronté à certaines réalités quand on lui confie la mission d’effectuer un raid contre les thugs, des adorateurs de Kali étranglant les voyageurs pour plaire à leur déesse. Faisant route vers Agra, Virginia découvre le pays en compagnie d’Abe et du professeur Sybellius. Tout à leur émerveillement, aucun d’eux ne se doute qu’un danger les guette. Loin d'eux, à Londres, une autre menace se profile sous les traits de l’inspecteur Pimlicott qui a été chargé de retrouver Virginia.
Après la capitale britannique, le lecteur est transporté au cœur de l’Inde dans Taj Mahal, deuxième tome du second cycle d’India Dreams. L’invitation au voyage du volume précédent prend corps ici et se fait découverte à travers les regards très variés des différents protagonistes, en fonction de leurs peurs, de leur éducation, de leur statut et de leur ouverture d’esprit. La manière dont chacun d’eux appréhende le sous-continent indien constitue une bonne part du propos. Elle amène aussi Maryse et Jean-François Charles à développer plusieurs éléments concernant les croyances et coutumes locales ou encore l’histoire des relations entre la Couronne britannique et sa colonie. Le pays devient donc, en quelque sorte, un personnage à part entière et relègue presque les autres à un rôle secondaire.
Cela est d’autant plus vrai que les auteurs prennent leur temps pour faire découvrir ces contrées indiennes. Ainsi, il faut patienter jusqu’au dernier tiers de l’album pour que les événements se bousculent un peu et que le récit s’accélère. Cependant, la façon dont les choses tournent paraît un peu forcée et manque de crédibilité. Néanmoins, cette grosse ficelle scénaristique a le mérite d'introduire un certain suspens final et de réorienter l’intrigue sur le semblant de fil rouge l’histoire, à savoir l’enquête menée par Pimlicott au sujet de Virginia. Graphiquement, comment ne pas se réjouir de retrouver les somptueuses planches à l’aquarelle de Jean-François Charles ? Soigneusement travaillées et détaillées, celles-ci offrent de très beaux paysages, mais aussi des intérieurs aux riches décors, ainsi que des scènes plus intimes dégageant une grande tendresse et une sensualité certaine.
De bonne facture, ce septième tome d'India Dreams dépayse et se lit avec plaisir, malgré quelques légers bémols.