Info édition : noté "Première édition"
Bad influences #1-5
Résumé: Cela fait maintenant un an que Zack Overkill, super-criminel repenti, a quitté le Programme de Protection des Témoins pour débuter une nouvelle vie au service du Bien. Mais rapidement, il comprend que travailler pour le Gouvernement n'a rien de bien différent... Un récit de super-héros intelligent et décalé. Le duo Brubaker/Phillips frappe encore très fort.
P
lus d’un an après avoir quitté le Programme de Protection des Témoins, Zack Overkill a toujours du mal à s’habituer à cette nouvelle vie dans laquelle il a choisi d’œuvrer pour le Bien. Malgré quelques problèmes d’adaptation, travailler du côté de la justice lui donne néanmoins le droit d’utiliser ses super-pouvoirs. Mais, lorsque l’ancien criminel repenti doit réintégrer le milieu du crime pour une mission d’infiltration visant à retrouver un agent double, la tentation de replonger du côté des méchants devient évidemment encore plus grande…
Faut-il encore présenter les deux auteurs qui sont aux manettes de cette saga qui mélange les genres ? Après des petites perles telles que Sleeper et Criminal, le duo constitué d’Ed Brubaker et de Sean Phillips reste certes dans le polar, mais la touche super-héroïque de cette série la rapproche tout de même plus du premier titre que du second. Si le premier tome d’incognito présentait encore un Programme de Protection permettant aux super-vilains de réintégrer la société en tant que monsieur tout le monde en inhibant leurs pouvoirs à l’aide de médicaments, ce deuxième volet propose d’infiltrer un type ayant des super-pouvoirs dans le camp des mauvais. L’intrigue sent donc un peu le réchauffé, mais à la narration de cette saga il y a un type coutumier du monde du crime (Gotham central, Criminal, Sleeper, …) et du développement du côté sombre de super-héros (Daredevil, Captain America) qui officie donc dans son domaine de prédilection. Ce narrateur hors pair est au sommet de son art et serait capable de vous raconter le contenu de son caddy de supermarché de manière prenante. Il ne lui faudrait que quelques mots pour faire comprendre que ses salades ont eu une vie de merde sur un sol aride, que son steak vient d’un animal accro aux hormones et maltraité par un fermier alcoolique et violent et qu’à tout moment, la roue du caddy peut lâcher et foutre un bordel pas possible dans le magasin.
Ici, pas de légumes, mais un héros abandonné le cul entre deux chaises, dans une situation qui devient de plus en plus inconfortable au fil des pages. À l’aide d’une voix-off qui partage les sentiments torturés du personnage principal tout en installant une ambiance de polar quasi parfaite, l’auteur prend plaisir à dévoiler la psychologie tiraillée de cet homme qui doit œuvrer du mauvais côté de la loi sans pour autant redevenir celui qu’il incarne. Le dilemme est de taille et, malgré son classicisme, l’intrigue s’avère une nouvelle fois rondement menée. Tout en immergeant le lecteur dans un monde du crime sombre, réaliste et sans merci, c’est avec maestria que le scénariste parvient à faire ressortir toute l’ambigüité du rôle joué par Zack Overkill. Visuellement, le graphisme de Sean Phillips (Sept) colle parfaitement à l'atmosphère de cette série et contribue à faire ressortir la noirceur du récit et des personnages.
Après avoir livré un premier volet très efficace, ce duo bien rodé ne déçoit toujours pas et n’a plus qu’à dérouler la suite de cet excellent polar !