Résumé: Calfeutré dans l'atmosphère moite de son appartement, un homme nu est avachi devant sa télévision. Les sacs poubelles jonchent le sol, les objets s'accumulent, l'espace se rétrécit. Seul sur son îlot de déchets, l'homme semble coupé du monde depuis une éternité. Mais voilà qu'un matin, il disparaît pour de bon... Quelques semaines plus tard, une équipe de nettoyage est envoyée sur place pour vider les lieux. Parmi les agents, Adel, effectue son premier jour dans l'entreprise. Très vite, le jeune homme ne peut s'empêcher de s'interroger sur les raisons qui ont poussé le dernier locataire à un tel isolement. Une curiosité imprudente qui l'amène à s'identifier dangereusement au mystérieux occupant.
Dans cette bande dessinée, Jérôme Dubois s'intéresse au phénomène hikikomori, un état psychologique qui pousse certaines personnes à vivre cloîtrées dans leur chambre pendant des mois, voire des années. Ce point de départ sert de socle pour questionner notre rapport aux présences invisibles et à la mémoire des lieux. La gamme chromatique du livre, faite de rouge/vert/bleu, accentue ce jeu entre espace intérieur et extérieur en convoquant un regard sur le monde qui ne passe que par les écrans. De l'ensemble naît une atmosphère aussi lumineuse que pesante, presque irréelle, à l'image du fantôme par les yeux duquel nous suivons une partie de l'histoire.
Jérôme Dubois signe avec Immatérielune oeuvre somptueuse et métaphysique en réussissant le pari osé de mettre des images et des mots sur l'invisible.
On nous dit souvent qu'il ne faut pas être matérialiste. Là, c'est justement tout le contraire car un homme reclus disparaît dans l'invisible et le vide sidéral. Immatériel traduit un peu ce côté de disparition physique dans un monde matérialiste.
Le thème sera celui de la vie et de la mort qui peuvent être très intimement liée. Cela soulèvera beaucoup de questions métaphysiques mais également spirituelles.
Cependant, c'est surtout le travail graphique qui sera assez remarquable si on va au-delà du minimalisme des images. En effet, c'est l'imbrication des couleurs notamment le rouge, vert et bleu qui forme une espèce de trame dans le récit pour partir sur la dématérialisation dans une sorte de réalité totalement instable. Par ailleurs, les dialogues plutôt courts sont mais diablement bien ajustés au milieu de toute cette colorimétrie.
C'est vrai que c'est assez bizarre comme ambiance avec un côté un peu glauque mais cela donne un certain style à l'ensemble si on aime bien lire des BD qui sortent des sentiers battus.
Certes, cela ne sera sans doute pas facile d'accès à tous les lecteurs car il s'agit d'une œuvre un peu expérimentale. Mais bon, il faut parfois se diversifier et explorer d'autres choses.
Eric DEMAISON
Le 21/08/2025 à 14:42:17
Rien à dire sur l'histoire qui est située à la limite du réalisme, de l'anticipation et de la SF. Mais pourquoi en faire plus de 200 pages!
Les pages succèdent aux pages sans dialogue sans apport à l'histoire. Le traitement en nouvelle aurait certainement permis de donner du rythme et de l'originalité à ce récit. L'intitulé roman graphique ne justifie pas de faire aussi long.
Ainsi le récit tombe dans l'abscons en parsemant des symboles ou des allusions (les teintes Rouge Vert Bleue par exemple) très opaques.
35€ c'est cher payé!