Info édition : Avec un dossier de 8 pages réalisé par Julien Loiseau, maître de conférences en histoire de l'Islam à l'université Montpellier-3.
Résumé: Le grand sultan de l’âge d’or de l’Empire ottoman À sa mort en 1566, cela fait plus de 15 ans que les rumeurs courent en Europe : le Turc est très mal. Soliman, le Sultan qui a su si bien étendre lempire déjà puissant des Ottomans depuis son avènement en 1520, fascinait par le faste de sa cour, sa puissance et ses richesses au point que les princes européens le surnommaient le Magnifique. Ses ennemis reconnaissaient lordre et la justice quil faisait régner dans ses états grâce à linstauration du kanun, un code civil, qui lui valut le surnom de Législateur en Orient. Les dernières années de son si long règne, furent celles de la mise en chantier dIstanbul, de la rivalité avec la Perse, mais aussi et surtout du règlement de la question dynastique ; nhésitant pas à sacrifier ses enfants sur lautel de cet empire dont il était le symbole et le seul détenteur légitime du pouvoir de par la volonté de Dieu.Clotilde Bruneau et Esteban Mathieu, guidés par lhistorien Julien Loiseau, nous font découvrir la nature et la complexité du pouvoir ottoman au XVIe siècle par le biais dun récit enluminé par Cristian Pacurariu.
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ctobre 1553, Soliman fait assassiner son fils Mustafa que la rumeur disait être prêt à être porté sur le trône par les Janissaires. La campagne militaire entreprise contre le Shah d’Iran pour reconquérir la confiance de l’armée s’éternise. Malgré les succès des troupes ottomanes, le Perse ne cesse de se dérober. Usé, le vieux dirigeant met fin à l’opération et négocie la paix avec son ennemi. Il est temps de regagner Istanbul : les siens lui manquent et la gestion de son empire exige sa présence.
Cette nouvelle découverte d’un grand nom de l’histoire est d’autant plus intéressante que Soliman le Magnifique est un personnage assez éloigné des manuels scolaires français. Estéban Mathieu et Clothilde Bruneau ont choisi un axe habile pour découvrir cet immense conquérant. Plutôt que de retracer son parcours en empilant la liste de ses victoires, ils se focalisent sur la dernière partie de son règne. Ce choix permet de dresser le bilan du monarque turc, mais aussi de dévoiler les luttes politiques qui naissent compte tenu de son âge avancé. De même, les différentes facettes de l’homme sont mises en relief : sa volonté implacable, son ambition démesurée, son amour profond pour sa reine ou encore ses capacités de gouvernant.
Ainsi, le Sultan assume son rôle de guerrier jusqu’au bout, mourant lors du siège d’une citadelle en Hongrie à plus de soixante-dix ans. Il fait preuve de finesse politique en s’informant continuellement des événements en Europe et des difficultés de son grand adversaire, Charles Quint. Son envie de marquer les mémoires s’affirme à travers son œuvre de bâtisseur – Istanbul en porte encore de nombreux témoignages – et ses manœuvres sanglantes pour préparer sa succession en évitant l’éclatement de l’empire qu’il lègue. Sa sensibilité s’exprime à travers sa relation avec son unique épouse – pratique contraire aux usages de la dynastie ottomane – comme en atteste le poème d’amour qu’il lui écrivit.
Le Roumain Cristi Pacurariu délivre des planches dans un style réaliste qui soutiennent correctement le propos. Les personnages sont bien représentés, de même que les décors quand le dessinateur prend le temps de les dépeindre. En effet, une impression de vide ressort parfois des grandes cases au fond coloré. Toutefois, ce qui dessert le plus le dessin, c’est la colorisation peu nuancée et au rendu trop artificiel.
Complété par le très utile dossier documentaire de l’historien Julien Loiseau, cet album agrémente cette collection de portraits biographiques.
Les avis
Erik67
Le 04/09/2020 à 16:07:35
Magnifique ! Il n'y a pas d'autres mots pour qualifier l'impitoyable Soliman ! Bon, il a fait assassiner ses propres enfants en les décapitant par peur de perdre le trône de cet empire qu'il a si difficilement bâti. Il a quand même pris soin d'épargner le plus bête de ses fils, un ivrogne notoire.
C'était un grand conquérant qui se faisait respecter en mettant les villes à feu et à sang. Il savait également faire des alliances notamment avec le Shah d'Iran ou avec les Habsbourg. Quelque fois, il ne respectait pas les traités de paix en envahissant l'Occident pour prendre Vienne par exemple. Magnifique, je vous dis ! N'a t'il pas construit un magnifique mausolée pour la femme qu'il aimait et qu'il a perdue ?
Les dessins sont parfois également magnifiques. On pourra admirer la mosquée de Süleymaniye dans toute sa splendeur. Fort heureusement, l'architecte a échappé au châtiment divin.
Sa puissance et ses richesses au point que les princes européens le surnommaient le Magnifique. Ses ennemis reconnaissaient l’ordre et la justice qu’il faisait régner dans ses états grâce à l’instauration du kanun, un code civil, qui lui valut le surnom de Législateur en Orient. Il faut dire que son empire s'étirait de la Hongrie à l'Irak, de la mer rouge à Tunis, de la mer Noire à la Méditerranée. Il était incontournable.
Bref, cette bd est utile pour faire connaissance avec ce sultan de l'Empire Ottoman. Magnifique, je vous dis.