Info édition : Avec en fin d'album, un dossier historique de 8 pages rédigé par François Georgeon.
Résumé: Le père des Turcs, héros de la Turquie moderneLe 15 octobre 1927, Mustafa Kemal, président de la République turque, entame un très long discours : le Nutuk. Il expose dans cette allocution qui dure près de six journées pleines son récit de la fondation de la Turquie moderne. Après la Première Guerre mondiale, Mustafa Kemal, alors militaire de carrière, refuse le dépeçage de l'Empire ottoman prévu par les Alliés au traité de Sèvres et mène une révolte contre le gouvernement d'Istanbul. Après sa victoire contre les Grecs à l'ouest de l'Anatolie puis l'abolition du sultanat ottoman par la Grande Assemblée nationale de Turquie, il proclame la République le 29 octobre 1923. Depuis Ankara, nouvelle capitale de la Turquie, Kemal impose alors des réformes fondamentales, basées sur l'indépendance et la laïcité, afin de bâtir une nation turque foncièrement homogène sur les ruines de l'Empire ottoman multiculturel.Marie Bardiaux-Vaïente et Andrea Meloni, s'appuyant sur les connaissances éclairées de l'historien François Georgeon, nous racontent comment un militaire nourri de culture occidentale et d'une énergie peu commune, Mustafa Kemal, permit à la Turquie d'entrer dans l'ère moderne. Un personnage autoritaire, désigné Atatürk (le Turc-Père) par la Grande Assemblée, qui reste aujourd'hui encore la grande figure tutélaire de la Turquie autant que l'un des hommes politiques les plus remarquables de la période de l'entre-deux-guerres.
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ustafa Kemal Atatürk (1881 – 1938) est l’instigateur et l’architecte principal de la Turquie moderne. Militaire de carrière, il prend part aux combats de la Première Guerre mondiale. Le conflit terminé, il accepte mal la défaite de l’Empire ottoman et, surtout, les conditions imposées par le Traité de Sèvres (1920). Homme de poigne, au bon moment au bon endroit, il débute alors ce qui deviendra une révolution qui s’achèvera par la création d’une république parlementaire en Turquie. Luttant autant sur le plan intérieur contre les derniers supporters du Sultan que sur la scène internationale afin de crédibiliser un pays considéré comme rétrograde par l’Occident, il mènera une lutte sans merci jusqu’à la victoire. À la fois progressiste et ultra-nationaliste, il a su comme peu de dirigeants de son temps saisir l’époque et utiliser les différents courants traversant les sociétés pour imposer sa vision : un État fort, fier, laïc et ouvert sur le monde.
Quarante-et-unième tome d’Ils ont fait l'Histoire, la collection historique globale des éditions Glénat/Fayard, Atatürk se concentre tout particulièrement sur les années «révolutionnaires» (1920-23) de Mustafa Kemal. De ce fait, plus qu’une biographie sensu stricto, l’album raconte surtout l’émergence de la Turquie plutôt que la vie de son premier président. Bien en place et très résumée, la narration se montre agréable et pose les différentes étapes de ces évènements d’une manière très accessible. Sans vraiment briller et en évitant de bouleverser les codes en place, Marie Bardiaux-Vaïente et Andrea Meloni offrent une écriture et une mise en image de qualité et parfaitement claire.
Évidemment très synthétique comme l’exige ce type de livre grand public, Atatürk permet au lecteur curieux de découvrir un personnage important dont les actions ont aidé à façonner le monde d’aujourd’hui. C’est également la preuve que la bande dessinée éducative et/ou hagiographique n’est pas morte à la retraite de l’Oncle Paul.