I
l était une fois un roi et une reine qui mirent au monde un magnifique bébé prénommé Aurora. Tradition oblige, les fées de tout le royaume vinrent l'accueillir en lui faisant don de beauté et autres attributs indispensables à une future princesse digne de ce rang. Vient le tour d'Artémis, une apprentie sorcière, peu inspirée par cette mission très académique. Désireuse de secouer quelque peu les vieilles institutions, elle décide de doter le nouveau-né d'une qualité bien singulière : l'intelligence! Sacrilège! Comment une jeune fille intelligente peut-elle espérer trouver un mari? Artémis est alors immédiatement bannie, perd peu à peu ses pouvoirs magiques et se retrouve seule... ou presque. Un amoureux transi bientôt transformé en crapaud, un étrange animal du nom d'Apollo aux allures de chat intello ainsi qu'une copie pas du tout conforme de Merlin l'enchanteur lui tiennent compagnie.
Il y avait une fois est l'œuvre d'un duo 100% féminin. A l'image de l'héroïne, Caroline Robert, la scénariste, a voulu bouleverser un certain classicisme en proposant une parodie des contes de fées ou autres récits d'héroïc-fantasy. Les références sont nombreuses et plutôt hétéroclites. De La Belle au Bois Dormant au Petit Chaperon Rouge en passant par Le Seigneur des Anneaux, l'auteur s'amuse à détourner quelques citations cultes, à renverser l'ordre établi, à maltraiter des personnages célèbres de notre enfance.
Malgré ce côté pastiche, le début du récit est assez conventionnel : une apprentie déchue, une méchante sorcière et une quète pour trouver un objet magique. Puis le récit s'emballe, les années défilent, le parcours initiatique d'Artémis ressemblant de plus en plus à une course de Formule 1. La trame du récit s'obscurcit, l'absence d'un fil conducteur précis faisant cruellement défaut. La dernière page s'annonce comme salutaire pour le lecteur proche de l'overdose de références en tout genre.
Le graphisme est assez proche de celui d'un dessin animé avec quelques particularités pouvant faire penser au manga, comme ces grands yeux aux pupilles exagérément dilatées. Le trait est agréable, les décors plutôt réussis et Apollo devient vite très attachant. Néanmoins, les différents protagonistes manquent un peu de personnalité et il est parfois difficile de les distinguer. A noter les bulles très particulières réservées à Artémis. Joliment décorées, elles ont un effet esthétique indéniable mais ont tendance à surcharger les cases.
La transformation d'un jeune homme en crapaud est certainement le seul point commun avec l'excellente série