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i>C’est l’histoire d’un singe télépathe qui a perdu un être cher. L’histoire d’un gamin transparent. Une histoire d’hommes qui veulent devenir des monstres. D’un monstre qui veut devenir une femme. De savants qui ne veulent plus être des monstres. C’est l’histoire d’un superflic qui veut mourir. L’histoire d’une société qui meurt. Une histoire dans un futur peut-être pas si éloigné.
Après La chute, Mathieu Gabella signe, pour son deuxième album, un récit d’anticipation. Il profite d’une actualité récente pour imaginer ce que serait devenue notre société si certains évènements avaient eu lieu. Et c’est plutôt bien vu. Il part de l’idée un peu folle, mais pas irréaliste, d’une victoire de l’extrême droite à l’élection présidentielle de 2002. Une politique sécuritaire est alors mise en place. Pour éviter au peuple le sentiment de vivre au milieu d’une dictature, le nouveau président a l’idée de divertir les masses avec une émission de télé-réalité, à l’image des jeux du cirque de la Rome Antique. Un superflic extermine en direct les criminels dans les banlieues chaudes. Cette situation n’est pas sans rappeler le comics Judge Dredd avec cette justice expéditive et immédiate. Pourtant, le propos est plus profond et amène à réfléchir sur la télé et ces émissions au cours desquelles le public choisi l’élimination d’un candidat. Ici, elle est définitive. Parallèlement et dans le plus grand secret, un groupe de savants expérimente des manipulations génétiques sur l’homme pour les besoins de l’armée. Les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances : les hybrides ainsi crées sont plutôt instables.
Les trois thèmes présentés s’articulent parfaitement entre eux pour donner un récit dynamique et inquiétant par rapport aux dérives possibles de notre société. L'un des points particulièrement intéressant porte sur la volonté du gouvernement de créer des "super-héros", des gens simples s'illustrant dans des actions hors du commun. Mais ces créatures ont des états d'âmes. Pas facile de vivre avec leurs nouvelles aptitudes, leurs nouveaux corps. Le cynisme du singe est jubilatoire, les réflexions de la femme-requin sont dures et inspirent la pitité. Le salut viendra-t-il de ces monstres, plus humains que les vrais, et de leurs réflexions ?
Pour illustrer Pour toi Public, il fallait éviter un dessin trop lisse. Avec un trait dense, Emem donne ainsi beaucoup de force et de profondeur au récit. Les décors sont très réalistes et les personnages ont de vraies « gueules ». La dureté qui en ressort renforce l’ambiance d’une société qui souffre, où la France traverse des jours sombres. Impression confirmée par la mise en couleur de Lou, qui joue souvent avec les différentes nuances d’une même couleur.
Un scénario solide, une trame bien construite, un dessin accrocheur en phase avec le thème de l’album, il n’en faut pas plus pour faire de Idoles une série prometteuse.
Les avis
Christophe C.
Le 02/10/2005 à 17:06:12
Déjà niveau dessin je n'ai rien à reprocher les persos sont expressif, les décors réussis, l'atmosphère bien rendue bref du bon travail donc premier point positif.
Ensuite vient le scénario et là ben pareil j'ai bien aimé. J'adore les persos et mon préféré est le singe vraiment génial. L'intrigue se développe bien on a juste assez d'éléments pour faire naître plusieurs hypothèsessur la suite mais pas suffisament pour la rendre prévisible. Une chose est sûr il devrait y avoir pas mal de surprises par la suite.
Le rythme est bien dosé ni trop lent ni trop rapide juste ce qu'il faut et à la fin on est frustré de ne pas avoir la suite ce qui est une bonne chose car il n'y a rien de pire qu'un album dont la fin ne fait naître aucune émotion. En ce qui concerne l'univers et les idées développées dans l'intrigue c'est du solide et rappel même par moment la situation actuelle voir ce vers quoi on tend à arriver.
D'une manière générale c'est un bon premier tome, bien meilleurs que pas mal d'autres.