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eung-Lyong sauve sa sœur tombée gravement malade. Celle-ci entretenait jusqu'alors une relation plutôt conflictuelle avec ce grand frère idiot qui lui faisait honte. Voilà qu’elle le découvre sous un nouveau jour et le comprend un peu mieux. Alors que la situation semble enfin s’améliorer, Seung-Lyong est tué…
Ce second volet clôt une histoire qui s’accélère et s’articule autour de deux moments-clés, la maladie et la mort, ce qui renvoie à une thématique assez sombre et rompt avec la fraîcheur du premier tome. Cette impression de détresse est néanmoins atténuée par une note d’espoir. Il y a ainsi deux versants au scénario : les personnages doivent d’abord faire face à l’adversité et à la peine pour ensuite aller de l’avant et se reconstruire. Le drame qui se noue en plusieurs temps constitue le déclic dont certains avaient besoin pour changer, la douleur semblant être une étape nécessaire pour évoluer.
Les questions que le lecteur pouvait se poser trouvent réponse mais cela parait presque anecdotique. L’intérêt de cette deuxième partie repose encore et toujours sur les protagonistes, leurs relations, leurs caractères, leurs choix, etc. L’auteur fait la part belle aux sentiments et au ressenti. La morale de ce diptyque pourrait être assez déprimante puisque la gentillesse et la candeur n'ont pas l'air d'avoir leur place dans la société actuelle. Mais ce pessimisme n’est pas absolu. Le sacrifice de Seung-Lyong n’aura pas été vain et son souvenir reste ancré chez ceux qui l’ont côtoyé. D’aucuns trouveront cette conclusion moralisatrice et convenue. D’autres diront qu'elle a des airs de happy end et que certains rebondissements sont « téléphonés ». Certes, le scénario n’est pas parfait mais il convient de dépasser ces faiblesses et de se laisser emporter par l’histoire et l’émotion qu’elle dégage. Le dessin naïf colle à l’ambiance générale. La narration sous la forme de courts chapitres, l’adoption de différents points de vue et l’utilisation intelligente du texte, ou de son absence pour suggérer le vide et la perte d’un être cher, sont autant d’éléments qui accrochent le lecteur.
Ce récit oscille entre drame et espérance, ombre et lumière. Par sa tonalité et son thème, la trame de l’Idiot se rapproche plus des romans graphiques intimistes de nos contrées que du manwha grand public. Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences. Cette lecture est en tout cas un moyen de faire tomber les préjugés, de quelque ordre qu’ils soient, et de passer tout simplement un bon moment. Il n’y a pas d’originalité folle mais l’histoire peut être lue selon différentes approches : une simple chronique de quartier, un drame ou encore une certaine vision de la société. Le lecteur appréciera en fonction de ses goûts mais ne restera pas indifférent.