À
la mort de son père, Hugo Pratt est sa famille quittent l’Ethiopie et retrouvent Venise. En cette fin de Deuxième Guerre Mondiale, les canaux de la Sérénissime voient défiler toutes sortes de personnages prêts à tout pour profiter du futur changement de régime. Pour le jeune Hugo, c’est avant tout le temps des conquêtes féminines. Dans ces circonstances, ce petit jeu peut s’avérer dangereux. Les soldats allemands et les derniers militants fascistes font face à une résistance toujours plus audacieuse et les escarmouches sont souvent sanglantes. Pratt a donc fort à faire pour éviter le pire, heureusement, il peut faire confiance à son imagination et à son bagout pour arriver à ses fins, aussi bien auprès des demoiselles que des différentes forces de l’ordre !
« Je connais au moins treize façons différentes de raconter ma vie et je ne sais s’il en existe une qui corresponde à la réalité. » Cette citation du créateur de Corto Maltese placée en exergue de l’album annonce l’esprit dans lequel Paolo Cossi a conçu son récit. Il mélange les faits, historiques et biographiques, avec une bonne dose d’inventions et d’interprétations. Comme pour Visions africaines, l’important ne réside pas dans l’exactitude des anecdotes, mais plutôt dans la retranscription de l’esprit prattien. L’exercice est plutôt réussi, malgré une entame un peu confuse. Si l’Abyssinie donnait un cachet exotique au premier tome de la série, c’est au tour de Venise d’être l’écrin des tribulations du natif de Rimini. L’extraordinaire atmosphère de la ville porte littéralement la narration. Au-delà de son sujet central, Cossi rend là un magnifique hommage à la Cité des Doges.
Le récit se clôt en 1948, alors que Mario Faustinelli et Dino Battaglia demandent à Pratt de collaborer à l’Asso de Picche, une revue de BD naissante… L’aventure ne fait que commencer !