Info édition : Réédition en intégrale des deux premiers albums parus sous le titre générique "Hotep", complétée par l'équivalent d'un 3e album inédit, titré "Les Cèdres du Liban". Présence d'un poster format A1 recto-verso en crayonnés (vue générale d'Alexandrie d'un côté, vue d'un temple de l'autre). Noté "/ 001" après l'ISBN en page 2. Couverture et 4e plat avec vernis sélectif.
Résumé: Plongée réaliste dans le royaume de Ptolémée. Au début de l’ère Ptolémaïque, à Thèbes, à plus de mille kilomètres d’Alexandrie, Hotep s’apprête à devenir Grand Prophète d’Amon au temple de Karnak, héritant ainsi de la place de son père. Dans le même temps, un envoyé du pharaon Ptolémée nommé Demias passe les portes de la ville. Il est venu au nom de son maître pour mettre en place de nouveaux et lourds impôts. Mais Hotep lève le ton : il sait que le peuple ne pourra supporter d’être taxé davantage. Du haut de son nouveau titre, il en appelle à la révolte avant de se faire arrêter puis condamner à mort... Pour survivre, sauver son honneur et réparer les outrages commis sur les siens, il devra s’enfuir et rejoindre le palais de Ptolémée. C’est là-bas, au cœur de la demeure de son pharaon qu’Hotep espère pouvoir rétablir la justice et la vérité.
E
n 287 avant notre ère, Alexandrie est la jeune capitale du royaume d’Égypte, qui compte bien retrouver son faste et sa puissance d’antan. Le roi Ptolémée doit cependant composer avec l’hégémonie grecque et une cohabitation difficile entre les deux peuples. C’est dans ce contexte instable qu’à Thèbes, Hotep, premier scribe du temple d’Amon-Ré, succède à son père en tant que grand prophète, haute dignité dans le clergé égyptien. Un jour, surgit Déméas, nouveau représentant du roi grec, bien décidé à s’enrichir sur le dos de la population de ce nome particulièrement riche. Hotep proteste. Il est victime d’une machination et condamné à mort. La mise en scène de son exécution a pour but de lui confier une mission qu’il ne pourra refuser : retrouver un papyrus écrit de la main d’Imhotep.
Rafael Moralès est connu pour avoir été le collaborateur puis le successeur de Jacques Martin sur Alix et Les Voyages d’Alix. Mais il a également créé sa propre série, Hotep, dont le premier volume, Le Scribe de Karnak, est sorti en 2007, et le second, La Gloire d’Alexandre, en 2009. Les Pharaons d’Alexandrie reprend ces deux récits et comprend également Les Cèdres du Liban, totalement inédit. Si Hotep a d’incontestables points communs avec son cousin artistique Alix (aventurier aux valeurs sûres, diplomate plus que va-t-en-guerre, tolérant et magnanime), il s’en distingue par sa fonction (dignitaire religieux), son statut marital et l’environnement dans lequel il s’inscrit. Ses tribulations le font courir le long de la vallée du Nil, mais aussi au-delà de la Mer Rouge ou vers les côtes de la Phénicie.
Les trois histoires rassemblées ici, s’inscrivant dans la tradition de l’âge d’or de la bande dessinée franco-belge, emmènent le lecteur successivement dans une lutte acharné contre un tyran psychopathe, le vol de la sépulture d’Alexandre Le Grand et une expédition ayant pour objectif de ramener des arbres suffisamment grands pour orner la façade du temple de Karnak. Les manigances politico-militaires, les alliances impromptues et les trahisons imprévues rythment ces péripéties bien menées. Même si les dialogues montrent parfois des faiblesses, si des anachronismes langagiers heurtent l’esprit et que le découpage est, à certains moments, critiquable (quelques ellipses brutales), l’immersion est plaisante.
L’incontestable point fort de ce recueil réside dans le dessin précis jusqu’à l’obsession de Rafael Moralès. Des pages surgissent obélisques, sarcophages, temples, statues, hiéroglyphes, modestes masures, rues populeuses, palais royaux, le phare et la bibliothèque d’Alexandrie, tout un monde ressuscité dans ses dimensions urbaines, architecturales et artistiques. La ligne claire a ses détracteurs. Néanmoins, elle permet ici la reconstitution de sites aujourd’hui en ruines, d’œuvres devenues fragmentaires, d’images effacées. Seul ce choix artistique peut redonner une vie graphique à ce que le temps a irrémédiablement abimé. Les deux crayonnés reproduits sous la forme d’un immense poster recto verso inclus à l’album matérialisent le respect dû à la démarche. Les Pharaons d’Alexandrie poursuit l’œuvre du grand Jacques Martin et constitue un bel hommage que le 21è siècle peut et doit rendre à un passé qui a encore beaucoup à nous apprendre.
Les avis
franp
Le 18/09/2023 à 22:15:23
L'intégrale, avec son troisième tome inédit, relève considérablement l'intérêt de la série. L’Égypte grecque est merveilleusement illustrée, surtout en ce qui concerne l'architecture. Les visages sont un peu indifférenciés mais cela ne nuit que marginalement au plaisir de la lecture. Une série susceptible d'éveiller la curiosité de jeunes adolescents pour l’Égypte ancienne.