Les précédents tomes avaient quelque chose du cours pompeusement magistral. On commençait à se dire que malgré le travail important effectué, il manquait cette prise de risque et de distance qui aurait permis aux lecteurs de faire passer le placebo. Malheureusement ( comme il arrive très souvent !), on s’est gavé en cachette de psychotrope ce qui a faussé le résultat.
Dans une société ou l’idolâtrie froidement compétitive des diplômes et de l’argent va de paire avec des discours platement pieux : « Nous sommes tous égaux, nous avons le choix,… ». Quels moyens restent-ils pour palier la négligence des adultes qui considèrent très hâtivement (ça tranquillise !) qu’un enfant angélique est un enfant sage ( au bord de la dépression !) ? Evidemment, différents modes d’expressions vont etre trouvé pour palier le vide qui les entoure, comme la jeune Yukari qui en proie en une mélancolie noire s’ouvre les veines et/ou saute dans le « vide » ( depuis sa chambre !). On voit naître des évènements à hauts risques, voire à très hauts risques devenant instantanément des identifiants personnels activant un semblant de fierté contrebalançant l’immédiateté lourdaude des discours ultra-sécuritaire de nos politiciens, et des palabres moraux des parents. Un monde joyeusement sans aucun sens ou la douleur amorce un semblant de vie, d’existence ; ou la mythomanie : « les grands thèmes de notre existence » s’écroule pour faire place au réel sordide ; et ou les actes autocentrés deviennent la règle. Une forme d’angoisse latente à la recherche du bonheur ! A partir de là, on comprend la métaphore informatique durant le viol( cf T3 !). Là ou ça pose problème, c’est que tout système social algébrique donne une impression d’universalité, mais est aussi un puissant narcotique. La marginalisation de notre héros, Mr Nakoshi, qui cherche de nouveau rituel pour sortir de l’angoisse de la solitude est dangereuse car il faut peu de chose pour la paumer.
Plus on avance dans le titre, et de plus en plus, il devient « un shoot de saynètes » laissant les personnages secondaires sur le bord du chemin, par là-meme l’auteur donne l’impression que tout est réglé. L’auteur tentera de s’en sortir, un peu inconsciemment, par une rébellion soudaine de la pression sociale et familiale d’un viol extrêmement ambigu qui n’ouvre sur aucune porte ( meme pas sur du vide- c’est dire !), si ce n ‘est sur des discours stéréotypés : « Jefais ce que je veux avec mon corps » ( mais bien sur !). Mais au final ce n’est pas très concluant. Que le psychisme de notre héros soit perçu comme une mezzanine ( pourquoi pas !), mais l’auteur de débine dans des flottements dès que les lecteurs souhaitent des précisions. Etrangement, cela donne une allusion aux auto-stoppeurs qui attendent patiemment que quelqu’un veuille bien les amener à leur destination, mais comme il n’y a ni autoroute, ni voiture…
C’est au cours du petit déjeuner avec les SDF que notre héros livre ( enfin !) son cynisme sur la hiérarchie pécuniaire, dont il faisait partie, poussant l’un des convive à bout. Mr Nakoshi se retrouvera, comme précédemment lorsqu’il était dans l’océan, sur le dos à mater le ciel. Un ciel dépourvu d’architecture glaciale. L’auteur cherche-t-il à isoler, à perdre son héros dans la nature ? La naiveté flagrante de cette belle planche à clou, mais aussi de la croyance en la naturalisation de l’humain pourrait etre interpréter un peu hativement par des activistes extremistes. A contrario d’autres nous parleraient de l’animalité des humains pour s’empresser de les massacrer.
Ce sont bien des questions fondamentalement douloureuses que pose l’auteur( toujours sans humour, malheureusement !), et ce meme si il ne précise pas sa pensée. Une ébauche de réponses aux problèmes élémentaires répondrait d’une manière enfantine :
« Oui, l’humain est une composante du monde des vivants. Oui l’humain est par nature un etre de culture. Et re-Oui, l’humain est le seul animal capable d’échapper à la condition animale. » Il a suffit de le poser simplement pour qu’il devienne extrêmement compliqué.
-
Marion N
Le 01/06/2007 à 10:11:08
Un volume en demi-teinte et qui souffre de la narration traînant trop longueur de l'auteur.
Ceux qui trouvaient la 2ème partie du tome 5 "crade" et "gore" pourront en dire autant de la première moitié de celui-ci.
La scène entre Yukari et Nakoshi se poursuit avec force sang, coups et violence. Leur expérience commune semble pourtant libérer la jeune fille. Le reste du manga montre Nakoshi déterminé à affronter son passé et s'évère, de fait, plus intéressante (et moins destabilisante).