Un flot de lecteur fortement déçu de la suite des évènements, lors des tomes 3 et 4, ont considéré un peu hâtivement qu’il ne s’y passait rien. Est-ce le cas ?
Mais revenons au titre proprement dit. Il ne m’a pas fallu aller loin dans ce 3 eme tome pour rencontrer « l’homunculus sensoriel ». Mais surtout, on avait compris que voir le récit intime des gens autour de lui, c'est à dire le cœur, poussait notre héros vers un élan d’humanisme. Par là-meme le jeune docteur passait au second plan ( le discours social !) pour mettre en proue l’imagination de notre héros marginal Mr Nakoshi. ( N’oublions pas que les « homunculus sensoriel » sont issues de processus créatifs rigoureux comme le fut une fameuse théorie Darwinienne !)
L’interet de ces 2 tomes réside, premièrement, dans l’utilisation des faits réels de notre jeune docteur pour proposer des interprétations sur des exemples qui sont légions : « le petit garçon, la parvenue, l’employé, la jeune fille,…( En fonction de l’interprétation, les faits réels vont prendre un sens, là encore en fonction de l’interprète, qui formeront la chimère ; voilà pourquoi ce n’est pas parce que l’on est des centaines ou des milliers à voir le meme événement qu’on le voit mieux !) Tout cela pour en venir à la perception et à l’imperçu structurant l’artifice au fur et à mesure de notre récit, et vu la plasticité du cortex humain cette perception est constamment modifiable donc non-stable. C’est trop facile d’en faire une pensée dualiste ( conscience/inconscience !) et fixe, composée de pourcentage…Et c’est sur cette évidente fausseté matinée du stéréotype de la paix intérieur que le récit continuera. Par contre, le fait, que le corps délivre énormément d’information imperçu est véridique car le corps est avant tout social, créateur de l’alentour et /ou ambiance qui influera sur le comportement du voisin. ( mais de là à parler de trahison, il y a un pas…) Bref, notre jeune conclura son analyse sur : « C’est un animal répugnant ». A cet instant précis, ces quelques mots façonneront la suite du récit et du comportement de notre jeune héros. Ou pour le dire mieux la vie humaine est perçue comme un corps capable de produire un monde virtuel, et de le vivre en l’éprouvant réellement. Bref, en un seul terme l’ensorcellement. ( On retrouvera cet ensorcellement plus tard avec le coté droit et gauche ! !)
Petit intermède sur la nausée animale et le dégout qu’éprouve notre héros dans les toilettes, puis légèrement plus tard lors de la vision du médecin ( un toutou avec sur un écriteau marqué « Etat » autour du cou !) à la clinique d’Aono 2F. ( une légère déstabilisation est perceptible par le lecteur, on verra si l’auteur continu dans ce sens !)
L’incident de la clinique n’est d’ailleurs pas particulier mais bien global, dans un monde sédentarisé à outrance, et d’un immobilisme ( morbide ! et) contraignant, il est extremement difficile de modifier son statut, une fois que l’on entre dans ce genre de batiment. En fait, c’est très souvent un porteur sain affectivement qui met le doigt sur l’engrenage d’une pathologie sociale d’ou l’étonnement de Nakoshi de ne voir aucune distorsion.
Petit à petit, les propos du jeune docteur se précise dans la bouche de notre héros lorsqu’ils entrent dans le magasin Sailorblue : « Qu’est-ce qui peut me brancher chez ces pisseuses ?, « ça des humains, des marchandises sans plus ! »( Le genre de phrase qui peut conduire au viol dans une civilisation qui a embrouillé les interdits.)
Ce que Mr Nakoshi va y voir n’a à partir de là aucune importance que ce soit un schtroumpf ou le diable de tasmani…meme si ils jettent leur dévolu sur le numéro/ signe 1775. Notre jeune docteur aura, juste après, une charmante métaphore sur la délinquance des ados. ( le sucre !)
Par la suite nos héros suivront discrètement cette jeune lycéenne, l’ex numéro 1775, dans un supermarché de quartier ou le vol prendra le sens d’un plaisir sexuel méfiant, mais aussi une forme de libération par rapport à la pression familiale et sociale.( la fameuse réussite dans la vie qui massacre froidement et en silence !) Et c’est là, que l’on en vient à l’angoisse du doigt de notre aquarium ambulant ( composé de 80 % d’eau j’imagine !), ou pour créer une forme de plénitude momentanée face à l’angoisse émotionnelle, la jeune lycéenne sortira la phrase psychologique par essence : « je suis moi ». On peut ensuite cerner qu’un trop plein de signe peut etre un monstre d’angoisse émotionnel, d’ou le passage ou la mère fait éprouver une vive émotion à sa fille sur le pas de la porte qui la détruit totalement. Mais la mère qui vient juste de l’éparpiller la reconstruit selon sa vision de mère….Ce que recherche finalement cette jeune lycéenne, ce n’est pas de faire l’amour, mais bien de partir à l’aventure ( le désordre qui fait si peur !) avec la première personne qui se présentera !
Lentement la crainte, la peur, l’incompréhension, pousseront notre héros au passage à l’acte ( interdit ? !) allégeant son esprit momentanément ( Rappelons que sans peur nous resterions au lit toute la journée !). Mais aussi la lobotomie du présent ( jouir sans faire de mal !), sa tyrannie cognitive, sa succession de bien etre dépourvue de sens fera bientôt place à la souffrance, à la culpabilité du passé, ( le ou les Flash si il y en !), à l’angoisse qui poussera notre héros à retisser des liens sociaux ( autre que le doc !). Un processus de redécouverte de la saveur existentielle périlleux, de l’avenir par une bradypepsie du paradoxe psychique, le tout sans homélie ( bravo ! !), mais sans humour ( dommage ! !)…
Au final, c’est bien la question de l’illusion qui est posée ( Quelle sera sa réponse ? Et a quelle planche à clou notre héros se raccrochera-t-il ?), car on ne peut voir que ce que l’on a appris à voir… ( exemples : les pièges univoque des thématiques !)
-