Résumé: M. Fotheringay, homme ordinaire sans ambition ni imagination, découvre un jour qu'il peut accomplir des miracles d'un simple souhait. Mais plutôt que de changer le monde, il se contente de petits prodiges insignifiants... jusqu'à ce qu'un accès de colère l'amène à envoyer un policier en enfer ? littéralement. Pris de panique, il se tourne vers le pasteur Maydig, un homme bien plus enthousiasmé que lui par ce pouvoir. Ensemble, ils entreprennent d'améliorer la société, mais leur maladresse et leur excès de zèle finissent par provoquer une catastrophe aux proportions bibliques ! Seul dans un monde ravagé par ses propres miracles, Fotheringay devra faire face aux conséquences de son incroyable don. Adaptée d'une nouvelle méconnue de H.G. Wells, cette comédie fantastique délicieusement british, entre satire et farce absurde, s'inscrit dans la lignée des oeuvres de Lewis Carroll, Douglas Adams et Terry Pratchett. Une relecture brillante signée J.-L. Munuera, entre Uderzo et Doctor Who, qui nous entraîne dans une aventure aussi burlesque que vertigineuse.
A
dapté d’une nouvelle publiée en 1898 par l’auteur de science-fiction Herbert George Wells (La guerre des mondes, La machine à explorer le temps), L’homme qui pouvait accomplir des miracles raconte l’histoire d’un petit employé de bureau, lequel découvre qu’il a le privilège de réaliser des prodiges. Désemparé, il consulte successivement une parapsychologue, un médecin, un psychanalyste et un pasteur. Alors que les trois premiers n’ont rien à lui proposer, le religieux l’invite à mettre son don au service du Bien… et de sa carrière au sein de l’épiscopat.
José-Luis Munuera signe un récit entre comédie burlesque et conte philosophique. À travers le destin de George McWhirter Fotheringay, il aborde la question du pouvoir et de ses limites morales. Le héros mesure alors le potentiel destructeur de l’omnipotence, même quand les intentions sont les meilleures.
L’allégorie interroge également le rôle de l’Église. Dans sa quête, le protagoniste cherche ses réponses auprès de spécialistes de l’ésotérisme, la science et la psychologie, lesquels ont tous la sagesse de reconnaître leur impuissance. Beaucoup plus pragmatique, le représentant de Dieu tente de s’approprier ce don.
La trame est facétieuse. Dès le départ le scénariste annonce au lecteur qu’il mourra violemment à la page 61… et il tient parole. Le ton général est à l’avenant avec une galerie de personnages souvent ridicules, mais toujours sympathiques et attachants. Enfin, chapeau aux conclusions, toutes deux joliment amenées.
Le coup de pinceau, expressif et caricatural, souligne le burlesque des situations. Les comédiens, aux postures et mimiques exagérées, semblent d’ailleurs inspirés par le jeu des acteurs de films muets. Qui dit Londres dit brouillard ; les conditions climatiques dictent une atmosphère empreinte de mystère, avec une touche d’onirisme. Aussi, impossible de passer sous silence le travail de colorisation réalisé par Sedyas, notamment ses clairs-obscurs, lesquels accentuent l’étrangeté de cette fable éclairée par les lampes au gaz. L’impression sur papier mat donne du reste une agréable profondeur au dessin.
Une très belle mise en images d’un texte méconnu du romancier britannique.