Résumé: En l'an 9, Arminius et Flavius, soldats de la légion romaine, participent à l'anéantissement des barbares ennemis. Alors qu'ils se reposent au camp avec d'autres légionnaires, une plaisanterie mal placée provoque une bataille sans précédent qui laisse Flavius pour mort.
C
ette hécatombe en Dalmatie confirme ce que pensait Armonius : le courage sans la stratégie ne mène qu'à l'échec. Romain d'adoption, le préfet d'origine germanique ne reniera pas ses racines pour plaire à un officier aux insinuations méprisantes, même s'il est son ami. Dans l'élan, le légionnaire passionné tue son collègue. Pour éviter le conflit d'intérêt, le Sénat ne jugera pas l'affaire et envoie le meurtrier au loin continuer ce qu'il sait faire de mieux, attaquer. Œil pour œil, dent pour dent, le père de la victime ne laissera pas l'affront sans conséquence. La vengeance est en marche.
Jean-Pierre Pécau, déjà présent sur le front de l'actualité avec M.O.R.I.A.R.T.Y, Révolution, quand l'Histoire de France a basculé et Luftballons, scénarise ce tome quatorze de L'homme de l'année. Il propose un récit de guerre fort et captivant, où un soldat doit choisir entre les liens du sang et le devoir. Les caractères bien développés, combinés à une intrigue politique classique habilement construite font de cette lecture un moment passionnant, entre aventure, reconstitution historique et confrontation humaine. L'évolution du héros, la motivation de ses actes et son retournement contre Auguste sont décrits progressivement et de manière claire. Dans l'atmosphère tendue, le rouleau compresseur des légions romaines se trouve enrayé par un grain de sable et l'orgueil des tous-puissants, bafoué par la volonté d'un seul individu, un barbare de surcroit.
Le choix de Fafner (Jour J, Carthago Adventures) comme dessinateur propose un agréable changement. En effet, cette série
s'associe généralement à des artistes au style classique et sobre. Sa technique particulière à base de photos retravaillées à l'encrage accorde de la puissance, de l'expressivité et de la virilité, qualités parfaites pour soutenir le souffle épique de l'ouvrage. Les séquences de combat sont impressionnantes de minutie et de réalisme. Aussi à l'aise sur les plans larges que les vues rapprochées, l'artiste expose également un gros travail de mise en scène. L'emphase qui se dégage des planches, associée aux effets de lumière, crée une ambiance palpable et épaisse, particulièrement appropriée au contexte.
Lhomme qui vainquit les légions de Rome : une bataille vieille comme Hérode racontée et illustrée de manière moderne et passionnée. Combinaison osée, certes, mais mélange réussi.
Les avis
Erik67
Le 15/10/2020 à 08:21:47
Il est toujours intéressant de savoir ce qui s’est passé en l’an 9 après JC du côté de la Germanie. C’est une période généralement peu abordée ou qui reste assez concentré sur la Palestine avec la naissance de Jésus. Or, il n’y avait pas que cela durant cette époque où Rome menait des guerres afin d’agrandir son territoire.
Il est question d’une célèbre défaite dans les forêts rhénanes où 3 légions tout entière ont été massacrées par des barbares sanguinaires. Il faut dire que les romains l’avaient bien cherché en reniant certaines alliances qui leur avaient été pourtant assez profitables.
Sur l’œuvre, c’est bourré de fautes d’orthographe sans vouloir être trop méchant mais tout en restant réaliste. Je conseille aux professionnels de relire avant l’édition d’une bd en plusieurs milliers d’exemplaires.
Par ailleurs, c’est assez approximatif au niveau du dessin. On ne peut pas affirmer avec certitude que c’est beau graphiquement, loin de là. J’ai même eu l’impression d’une utilisation assistée d’un ordinateur pour finaliser les ensembles forestiers d’outre-rhin.
Et c’est également assez léger comme final. Où est passée la célèbre bataille qui devait faire l’objet de ce tome ? C’est à peine évoqué. Tout cela pour cela.
Maintenant, au global, ce n’est pas inintéressant mais ce n’est pas passionnant pour autant.
kingtoof
Le 10/09/2018 à 20:26:41
Bon album sur la bataille de Teutobourg, plus connue sous le nom de désastre de Varus.
Arminius peut vraiment être considéré comme l'homme de l'année 9 après JC, car sa victoire / traîtrise arrêtera l'expansion romaine en Germanie. L'empereur Auguste et ses successeurs trouverons plus raisonnables de ne pas s'aventurer plus loin dans ces profondes forêts peuplées de tributs celto-germaniques.