Info édition : Noté "Première édition". Couverture avec vernis sélectif. Adaptation de "Homicide, A Year on the Killing Streets" de David Simon.
Résumé: L’immersion dans le quotidien des inspecteurs de l’unité des homicides de Baltimore en 1988 se poursuit dans cette troisième partie de l’adaptation du livre de David Simon, à l’origine de sa série The Wire (Sur écoute). Un flic a reçu deux balles dans le visage. Pas d'arme. Pas de mobile. Pas d'indices matériels. Mais Terry McLarney a été le sergent de Cassidy. Son ami. Et il fera tout pour découvrir le coupable. Alors que l’affaire Latonya Wallace accapare toujours Landsman et Pelligrini, le tableau se couvre d’encre rouge. Les corps s'empilent, le taux de résolution plonge et la pression augmente.
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ix février 1988, l'affaire Cassidy s'enlise depuis le 22 octobre, date où un inconnu a tiré sur le jeune collègue de Mac Lorney. C'est justement lui qui a hérité du dossier : épais comme le bras mais pas de piste sérieuse. Les premiers jours, tout le poste était en ébullition, car quand un des leurs est attaqué, la motivation est démultipliée. Mais entre les faux témoignages, l'absence de preuve et des suspects introuvables, il y a de quoi sombrer dans le désarroi.
Ce troisième tome, qui poursuit l'enquête de la petite Latonya, présente également l'agression d'un membre de la brigade et un meurtre lié à la drogue. Tous délicats et complexes, chaque cas s'avère violent et gratuit. Plusieurs aspects ressortent de ces chroniques à l'apparence de documentaire, notamment la solidarité et la ténacité de ces inspecteurs qui en viennent à compter sur le hasard pour s'en sortir. Ils apparaissent profondément humains dans leur forces et leurs faiblesses, bien compréhensibles dans de telles conditions : surcharge de travail permanente, pression hiérarchique, statistiques fatales et leur propre conscience professionnelle. Un peu plus légère, une partie intermédiaire présente les professionnels face aux contraintes quotidiennes des interrogatoires : comment rester dans la légalité tout en obtenant des résultats. Par le regard choral et la diversité des situations, le scénariste ne lasse pas. La narration au style indirect, précise et sans concession, possède une grande force immersive : le lecteur est au cœur de la dûre réalité.
Toujours aussi sobre et épuré, le style minimaliste exprime le côté austère et peu spectaculaire du travail, aux antipodes des séries policières habituelles, bourrées d'action, de clinquant et de glamour. Les pleines pages, plus nombreuses ici, figent l'instant en faisant ressortir la tension et la notion que tout se joue à un détail près ou à un instant crucial, celui qu'il ne faut pas rater. Sépia, bleu, gris et quelques touches de rouge donnent corps aux personnages et une ambiance de huis-clos aux décors intérieurs.
À l'image du combat de David contre Goliath, cette plongée passionnante et édifiante dans le quotidien d'hommes ordinaires exprime pleinement la lutte contre le crime qui semble perdue d'avance, dans une ville où la brutalité semble aller de soi.