Info édition : Traduction de "Julius Knipl, Real Estate Photographer: Stories" (1996) - Couverture à rabats comportant une notice auteur et une présentation du personnage - Introduction par Michael Chabon (5 pages) - En début et fin d'album, 2 double-pages illustrées par Katchor : montage d'articles, encarts publicitaires, cartes de visites en rapport avec le récit "Combinateur Soir" ("The Evening Combinator").
A
lors voyons... qu'avons-nous là ? Ah oui ! Julius Knipl... Bien sûr, Julius Knipl... Comment ai-je pu oublier ? Enfin, Julius Knipl donc... Bon, disons-le sans détours, j'ai franchement eu du mal. Si, si. Pas de quoi en faire un plat, me direz-vous ? On passe à autre chose et puis, hop, tant pis. Oui mais voilà, que faire quand on doit le chroniquer cet album, hein ? Je vous le demande...
Bon, essayons de voir ce qu'il s'est passé. Vous voulez bien ? Allez, on reprend depuis le début. Je me lève un beau matin, me dirige vaillamment vers la boîte aux lettres et découvre donc ce brave Julius qui, semble-t-il, n'attend que moi. Je le prends en mains, le feuillette avidement, alléché par un dessin en noir et blanc ma foi fort agréable, et, une fois rentré chez moi, en commence la lecture. Jusque là, tout va bien. Mais tout à coup, sans crier gare, alors que je m'étais royalement vautré dans mon fauteuil, les choses se gâtent. Je lis le premier des différents strips qui composent cet album. Et là, un blanc. Un moment d'hésitation. Je le relis. Un blanc (un autre). Et je recommence, plusieurs fois, pour finalement me rendre à l'évidence : je n'ai rien compris. Pourtant, j'ai lu les cases dans le bon ordre. Si, si,.. je vous assure, c'était même fléché. Mais non, je ne comprends pas. Je poursuis, tranquillement, et à chaque strip, c'est à peu de choses près le même blanc. Bizarre, non ? Oui, bizarre.
Mais je m'aperçois que je ne vous ai pas parlé de Julius Knipl. Enfin, du personnage. Suis-je donc étourdi ? Julius Knipl est en fait photographe, photographe des travers urbains. Alors il se promène et fait des photos, sa manière à lui de nous raconter ce qui l'entoure. Intéressant, non ? Oui, c'est ce que je me disais aussi. Le problème est que je n'ai rien compris.
Comment ? Je vous l'ai déjà dit ? Excusez-moi, je me répète. C'est que c'est troublant, vous savez... Vous lisez des choses, ces choses veulent dire quelque chose (du moins peut-on le supposer, sinon pourquoi en aurait-on fait un livre?) mais vous, non, vous ne comprenez pas. C'en est presque frustrant. Ce que je veux dire, c'est qu'en général, vous avez au moins une vague idée de ce que l'auteur a voulu mettre dans son livre. Je ne sais pas moi, est-ce qu'il a voulu être drôle, tragique, intismiste, nostalgique... Après, qu'on aime ou pas, c'est une autre histoire. Mais d'habitude, au moins, on sait pourquoi. Mais ici, non.
Alors on se pose des questions. Enfin, en tout cas, moi je m'en suis posé des questions. Pourquoi diable suis-je passé à côté ? Parce que ce sont des strips et que, hors contexte, ils perdent de leur signification ? Peut-être. Parce que Casterman a bousillé le format original pour l'intégrer à la collection Écritures (dont la maquette est, rappelons-le, une abomination) ? Oui, sûrement, en partie. Mais ça n'explique pas tout. Alors ? Alors mystère...
Alors ce bouquin, je vais le garder dans un coin de ma bibliothèque et un jour, sûrement dans quelques années, je retomberai dessus par hasard. Et je verrai bien. Reste un problème : ce Julius Knipl, je le conseille ou pas ? Bah, j'en sais trop rien en fait. Non, tout bien réfléchi, je ne sais pas. Faites ce que vous voulez après tout, c'est votre argent, pas le mien...