Résumé: Alors qu’il pêche, Sid McGuffin a une fulgurance au passage d’une nuée de chauvessouris… Les ultra-sons vont lui permettre de réaliser un bond dans ses recherches. Quand il rentre en parler à son épouse, celle-ci lui annonce qu’ils vont être parents. Soudain, Sid se réveille dans une dreambox. Il est prisonnier de la secte des essenniens que les capacités de Siloë ont mis aux portes du pouvoir…
A
vec Siloë et son père gardés en lieu sûr, l’église essénienne pense avoir toutes les cartes en main pour faire tomber le président Steiner. Même si personne ne comprend réellement comment le cerveau de la fillette fonctionne, ses pouvoirs destructeurs semblent en phase d’être canalisés. Par contre, il n’est pas certain que seule la foi ou tout autre type de pression psychologique soient suffisants pour vraiment la contrôler.
Seize ans après le deuxième tome, L’histoire de Siloë connaît enfin sa conclusion. Thriller d’anticipation aux ressorts classiques, le titre repose sur des bases éprouvées et un traitement narratif exemplaire. Comme à son habitude, Serge Le Tendre propose des personnages forts et fissurés, lâchés dans des circonvolutions politiques qui les dépassent. Sid Mac Guffin ne veut que retrouver sa fille et vivre en paix, les capacités de celle-ci (dont il est à l’origine de façon accidentelle) rend son vœu impossible. À partir de là, un engrenage impitoyable se met en place et rien ne sera épargné aux héros. La trame est solide, la mécanique dramatique affûtée (l’opposition religion-société technologique, lutte des classes) est efficace et les éléments SF (dreambox, holomasque, physique quantique de supermarché, etc.) percutants. Cependant, sans répit et principalement axé sur la confrontation Steiner-Esséniens, Big Bang manque de l’humanité entrevue dans Temps Mort et personnifiée par Spare, le zonard-clône suicidaire. Siloë et son papa ne sont plus que les marionnettes des puissants et leurs rôles se limitent à se glisser dans les interstices d’un scénario tendu et implacable.
Il est indéniable que le trait de Servain s’est modifié entre le premier et le dernier volume de la série. De très typé « Delcourt année 90 », il est maintenant plus anguleux et réaliste. L’attention pour les acteurs est devenue centrale, le cadre étant relégué, sans être aucunement bâclé, au second plan. Les regards et les faciès sont plus déterminés et les décors moins présents. Passé outre ces changements stylistiques logiques vu le temps écoulé, le dessinateur rend une copie sans réelle fausse notes mises à part des couleurs ternes et peu contrastées.
Mission accomplie, L’histoire de Siloë est finalement bouclée d’une manière satisfaisante et professionnelle. Même si elle est un peu trop formatée par moments, cette aventure haute tension offre une vision cohérente et palpable d’un futur proche possible.